Nicolas Lerner, directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE)
Les renseignements français laisseraient présager que le Groupe de soutien à l'islam et au musulman (JNIM) cherche à favoriser la chute de la junte au Mali et à installer un pouvoir favorable à la création d’un califat dans la région.
« Les renseignements que nous avons montrent que le JNIM n’est pas nécessairement ni en capacité, ni dans la volonté elle-même de contrôler le pays, de contrôler le Mali », a affirmé Nicolas Lerner chef des renseignements extérieures. En revanche, poursuit-il, « tout laisse à penser que le JNIM souhaite la chute de la junte et souhaite l’installation d’un pouvoir qui soit en effet favorable à l’installation d’un califat sur tout ou une partie du territoire malien ».
L'invité de France Inter décrit une détérioration progressive de la situation sécuritaire au Sahel depuis le retrait des forces françaises amorcé en 2020. D’après ses données, la dégradation serait « plus rapide au Mali depuis cet été et cette volonté du JNIM d’encercler Bamako avec un objectif politique qui est de faire tomber Bamako ».
Nicolas Lerner estime que le dispositif de sécurité mis en place par la Russie au Sahel n’est pas en réussite. « Depuis le départ de la France, un modèle de sécurité alternatif notamment assuré par les Russes, est aujourd’hui très largement en échec », selon le Directeur général de la sécurité extérieure.
Malgré la présence des forces russes, la porosité des frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’est accentuée, facilitant les déplacements de combattants et d’armes. Cette « forme de permissivité », selon Nicolas Lerner, traduit l’incapacité du nouveau dispositif sécuritaire à endiguer l’expansion du djihadisme. Il rappelle que laisser prospérer des «sanctuaires terroristes» a toujours conduit, dans l’histoire récente, à des projets d’attentats qui n'épargnent pas aussi les pays occidentaux.
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