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États-Unis : une juge annule le gel du financement de Harvard décidé par l’administration Trump

États-Unis : une juge annule le gel du financement de Harvard décidé par l’administration Trump

Aux États-Unis, une juge fédérale a déclaré illégal l’annulation du financement de l’université Harvard par l'administration Trump. Estimé à près de 2,2 milliards de dollars, ce financement avait été retiré à l'Université Harvard, au nom de la lutte contre un antisémitisme au sein de l'établissement.

Aux États-Unis, une juge fédérale a déclaré illégal l’annulation du financement de l’université Harvard par l'administration Trump. Estimé à près de 2,2 milliards de dollars, ce financement avait été retiré à l'Université Harvard, au nom de la lutte contre un antisémitisme au sein de l'établissement.

L’université Harvard vient de remporter une bataille judiciaire d’importance contre l’administration Trump. La juge fédérale Allison Burroughs a statué, mercredi 3 septembre 2025, que l’administration Trump avait illégalement supprimé environ 2,2 milliards de dollars de subventions accordées à Harvard, la doyenne des universités américaines. L'information est relayée par plusieurs médias américains dont The New York Times.

 

Dans une décision de 84 pages, la juge du tribunal fédéral de Boston a jugé que les coupes budgétaires opérées par l’exécutif américain violaient le Premier Amendement de la Constitution américaine. « Nous devons lutter contre l’antisémitisme, mais nous devons également protéger nos droits, notamment notre droit à la liberté d’expression, et aucun de ces objectifs ne doit être sacrifié sur l’autel de l’autre », a écrit la juge Allison Burroughs.

 

C’est une victoire pour Harvard, la doyenne des universités américaines, et la seule à avoir décidé de porter l’affaire devant la justice. Plusieurs autres institutions, également ciblées par l’administration, avaient préféré négocier pour conserver leurs financements. Columbia a ainsi accepté de verser 220 millions de dollars et de modifier certaines pratiques internes, tandis que Brown a versé 50 millions de dollars à des programmes locaux. L’Université de Virginie, elle, a vu son président démissionner sous la menace d’une enquête fédérale.

 

Pour la juge Burroughs, il incombe désormais aux tribunaux « d’agir pour protéger la liberté académique et la liberté d’expression comme l’exige la Constitution, et de veiller à ce que des recherches importantes ne soient pas soumises à des résiliations de subventions arbitraires et procéduralement incorrectes, même si cela risque d’attirer les foudres d’un gouvernement attaché à son programme, quel qu’en soit le prix ».

 

Un bras de fer politique et idéologique

 

L’administration Trump avait accusé Harvard de tolérer l’antisémitisme, de promouvoir des « idéologies d’extrême gauche » et de mettre en œuvre des politiques jugées discriminatoires. En conséquence, non seulement des milliards de subventions avaient été suspendus, mais la certification SEVIS,avait également été révoquée. Cette certification permettait aux étudiants étrangers d’étudier aux États-Unis.

 

Pour la juge Allison Burroughs, ces arguments ne sont pas recevables. Tout en reconnaissant que Harvard « aurait dû redoubler d’efforts face à l’antisémitisme » qui a « tourmenté l’école ces dernières années », elle a souligné que ce motif n’était pas la véritable motivation du gouvernement américain.

 

 « L’examen du dossier administratif rend difficile de conclure autre chose que le fait que les accusés ont utilisé l’antisémitisme comme écran de fumée pour une attaque ciblée et idéologiquement motivée contre les principales universités de ce pays », a-t-elle écrit.

 

Réaction de l’administration Trump 

 

La Maison Blanche a rapidement réagi, dénonçant une « décision scandaleuse » émise par une juge « activiste » nommée par Barack Obama. La porte-parole adjointe Liz Huston a indiqué que l’administration Trump comptait faire appel immédiatement, affirmant que « Harvard n’a pas de droit constitutionnel à l’argent des contribuables et reste inéligible aux futures subventions ».

 

De son côté, Alan Garber, président par intérim de l’université Harvard, a salué une décision confirmant « le Premier Amendement et les droits procéduraux de Harvard ». Dans un communiqué, il a assuré que l’établissement « continuera d’évaluer les implications de l’avis, de surveiller les développements juridiques ultérieurs et de rester attentif à l’évolution du paysage dans lequel il cherche à remplir sa mission ».

 

Si Harvard peut se réjouir d’avoir remporté une manche importante, le conflit est loin d’être clos. L’appel promis par l’administration Trump maintient l’université dans une situation d’incertitude, avec le risque que de nouveaux bras de fer juridiques viennent retarder ou compromettre certains financements essentiels à ses recherches.

 

Dans un pays marqué par des débats de plus en plus polarisés sur la liberté académique, la décision de la juge Burroughs pourrait bien devenir une référence jurisprudentielle. Une réference qui oppose deux principes fondamentaux : la nécessité de combattre l’antisémitisme et l’obligation de préserver les libertés constitutionnelles.

 

 

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