Guy Mitopkè, secrétaire nationale à la communication du parti Les Démocrates entouré de quelques membres, lors de la déclaration de presse du mardi 11 novembre 2025 à Cotonou
Pas de signature d’accord de gouvernance parlementaire entre le parti Les Démocrates et les formations politiques soutenant le pouvoir. Lors d’une déclaration de presse, mardi 11 novembre 2025 à Cotonou, le principal parti de l’opposition a clairement affiché sa position. « Le parti Les Démocrates le dit haut et fort, nous n’avons mené aucune démarche pour un accord de gouvernance, ni pour un accord de coalition parlementaire », a déclaré le secrétaire national à la communication du parti, Guy Mitopkè. Le part rejette toute alliance avec l’Union progressiste le renouveau (UPR), le Bloc républicain (BR) ou encore la Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE).
Dans la déclaration aux accents de défiance, le parti a dénoncé « le rouleau compresseur d’exclusion du régime dit de la rupture ». Les Démocrates estiment être la cible d’une stratégie politique visant à réduire leur influence à l’Assemblée nationale. « Après l’entrée du parti Les Démocrates au Parlement en 2023, le régime n’a plus réussi à utiliser notre Assemblée nationale comme en 2019, comme une simple boîte d’exécution », a relevé le parti. Il accuse le pouvoir d’avoir révisé le code électoral pour « corser les conditions d’éligibilité » afin d’empêcher l’opposition d’être au parlement.
Selon la formation de l’ancien président Boni Yayi, ces changements ont favorisé une instrumentalisation de l’administration publique. « Le régime, pour exclure son principal concurrent, actionne simplement les cadres de l’administration publique pour la confiscation de certaines pièces », a dénoncé le parti. La formation politique évoque notamment des entraves supposées dans la délivrance de documents indispensables aux candidatures comme le quitus fiscal, le certificat de nationalité et le casier judiciaire.
La question de l'accord de coalition parlementaire
Au Bénin, la relecture du code électoral en 2024 a induit des modifications dans le sens, selon les porteurs, de renforcer le système partisan et induire l'avènement de grand parti politique d'envergure nationale. Pour les élections législatives, selon l’article 146 nouveau, « seules sont éligibles à l'attribution des sièges les listes ayant recueilli au moins vingt pour cent (20 %) des suffrages valablement exprimés dans chacune des circonscriptions électorales législatives ».
Mais le législateur a laissé une sorte de porte de sortie aux partis politiques au niveau du même article : « Toutefois, pour les partis politiques ayant conclu et déposé à la Commission électorale nationale autonome, préalablement à la tenue du scrutin, un accord de coalition parlementaire, il sera procédé, pour le calcul du seuil précédent, à la somme des suffrages de ceux ayant recueilli au moins dix pour cent (10 %) des suffrages exprimés au plan national », dispose l’article.
Pour bénéficier de cette ouverture, les partis de la mouvance UPR, BR et MOELE-Bénin ont déjà signé des accords de coalition parlementaire. La Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE), un autre parti de l’opposition, a aussi signé un tel accord avec l’UPR et le BR, deux partis de la mouvance présidentielle.
Pour nombre d'observateurs de la vie politique béninoise, l'atteinte du seuil de 20 % des suffrages dans chaque des circonscription électorale législative apparaît comme un défi insurmontable pour tous les partis politiques. L'accord de coalition parlementaire est alors perçu comme une voie de sortie pour les partis politiques.
Dans une récente sortie médiatique, le chef de l’État, Patrice Talon, dont le régime porte la réforme électorale et du système partisan, a estimé que le parti Les Démocrates devait faire comme les autres en lice en allant à des accords de coalition parlementaire y compris avec des partis de la mouvance présidentielle, l'UPR et le BR. Pour cela, il dit avoir demandé à ces deux partis de rester ouverts à une éventuelle approche des Démocrates.
Dans sa déclaration de ce mardi, le parti Les Démocrates a réaffirmé sa volonté de rester indépendant et de participer aux élections sans compromis.
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