Banouto : Quel type de collaboration selon vous, doit exister entre parents et enseignants, entre parents et apprenants et enseignant-apprenants dans l'encadrement des élèves ?
Dr Fatahou Djima : Pour ce qui est du type de collaboration entre les parents et les apprenants, cela renvoie à la relation éducative que je définis comme « l’ensemble des rapports sociaux dans la classe, les rapports entre la classe, l’école, la société, les rapports des sujets au savoir et à la culture ». Elle se fonde sur les aspects psychologique, pédagogique et social qui lient les apprenants d'un côté aux enseignants, les apprenants entre eux-mêmes, les apprenants et leurs parents, les enseignants et les parents.
La réponse à votre question renvoie aux aspects psychologiques de la relative éducative. Cette facette humaine de la relation éducative englobe l’ensemble des relations entre l’enseignant et les apprenants, entre les apprenants eux-mêmes, entre les enseignants, les élèves et les autres partenaires de la situation d’éducation. Ainsi, en ce qui concerne le type de collaboration entre les parents et les apprenants, elle doit être empreinte de confiance et d’amour.
Quel type de relation les parents doivent établir avec les enseignants ?
Les enseignants sont des dépositaires de connaissances et qui travaillent avec les apprenants à l’école. A ce niveau également, le type de collaboration qui doit prévaloir entre ceux-ci et les parents d’élèves doit être fondé sur la confiance parce qu’on ne peut confier son enfant qu’à quelqu'un à qui on a confiance.
Cette collaboration de confiance permettra à chaque acteur de pouvoir être informé sur la production ou le rendement scolaire de l'apprenant qui est le trait d’union des deux. S'il n'y a pas cette confiance, l’enseignant peut être réservé d'informer régulièrement les parents sur son apprentissage de leurs enfants. Il en est de même pour le parent.
Quid de la relation enseignant-apprenant ?
A ce niveau, il y a ce que nous appelons l'effet pygmalion qui désigne « la disposition de nourrir une attente positive ou négative de quelqu'un sur qui l'on a d'influence ». L'enseignant a évidemment d'influence sur les apprenants, sur leur avenir dont la réalisation dépend des bonnes ou mauvaises intentions qu'il formule sur ceux-ci. Il doit donc nourrir des attentes positives à l’égard de tous ses apprenants, avec la conviction qu’ils sont tous capables d’apprendre, capables de réussir.
A titre d’illustration, lorsque vous avez un apprenant, en qui vous ne nourrissez pas d’attente positive, en pensant qu'il n’est capable de rien, même lorsqu’il fait un effort substantiel en classe pour avoir un résultat qui, dans un autre contexte, avec un autre enseignant aurait pu susciter de l'émulation, de récompense ou de ce que les néo behavioristes désignent « renforcement positif », celui-ci finira par se résoudre à ce qu’il est effectivement incapable et qu’il est un bon à rien.
Il se dira que tout ce qu'il fait comme effort n'est pas récompensé. Or, dans l'écosystème de la classe, cet enfant méprisé voit comment ses autres camarades, sont récompensés ou encouragés par le même enseignant pour le peu de geste qu'ils font. A un moment donné, c’est à son tour de mépriser votre enseignement en développant de l’amotivation.
Au total, la collaboration entre l’enseignant et ses apprenants doit être aussi empreinte de confiance, de dialogue.
Parlons à présent de l’organisation du temps des apprenants. Comment les parents peuvent aider les enfants à organiser leur emploi du temps ?
L'éducation d'un enfant, c'est un tout. Elle vise à forger une personnalité équilibrée chez un enfant afin qu’il soit accepté par la société et que cela puisse permettre à l'enfant d'ouvrir les portes de travail, du bonheur, du savoir-vivre. C’est pourquoi, le sociologue de l’éducation Emile Durkheim définit l’éducation comme « l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale ».
Il s’agit donc d’une action qui dépasse l’instruction scolaire ou l’enseignement donné en classe par l’enseignant. Elle doit contribuer à forger la personnalité de l’adulte de demain, en construisant l’enfant. L'enfant ne peut donc pas être considéré comme un produit essentiellement de l'école où quand il commence les classes, il sera comme un pensionnaire dans un internat, encore qu'à ce niveau, il y a souvent un programme spécial mis en œuvre à leur intention pour fouetter leur éducation.
Lorsque c'est un enfant qui vit chez ses parents, outre son emploi du temps à l'école, il doit pouvoir avoir également son emploi du temps de la maison. Ce qu'il doit faire pour se résoudre à devenir plus tard, lui-même une personne forgée ou l'adulte complet de demain. A cet effet, les parents doivent pouvoir concilier l'emploi du temps de l'école et celui de la maison. Il ne faut pas dire qu'au nom de l'école, les tâches ou les obligations de la maison sont mises entre parenthèses. Les parents doivent faire l'effort d’intégrer le temps de travail de l’école à celui des travaux domestiques.
Autrement dit, ce qu'il a l'habitude de faire à la maison, il faudra concilier cela avec l'emploi du temps de l'école pour que l'enfant se retrouve être utile à la maison et que cela n'influence pas aussi, ou ne remet pas en cause, ce qu'il doit faire à l'école. Mais lorsque l'enfant est dans une classe d'examen, les parents doivent pouvoir le ménager en accordant plus d’attention à son emploi du temps scolaire qu’à celui de la maison afin qu'il puisse avoir un peu plus de temps pour ses cours.
Est-ce qu'il faut imposer un emploi du temps à son enfant ?
C'est l'idéal si cela est fait en accord avec l'apprenant. C'est une manière de responsabiliser l'apprenant. L’essentiel, c’est qu'il faut concilier les deux emplois du temps. Les meilleurs élèves aux examens vous diront qu'ils ont un emploi du temps de l’école incorporé à celui de la maison.
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Joseph KETOUNOU
il y a 1 an