Des centaines d’étudiants de l'UAC) sensibilisés sur les risques d'investissement dans les crypto-monnaies
«Cryptoactifs : un pari risqué, pas une garantie». C’est le message qui a fait office de thème lors d’une campagne d’information et de sensibilisation sur un phénomène devenu omniprésent. Face à l’ampleur des arnaques numériques et aux pertes financières massives enregistrées au Bénin, les organisations de défense des consommateurs ont insisté sur la prudence, l’éducation financière et l’épargne formelle. Promesses de gains rapides, réseaux opaques, disparition soudaine de plateformes sont entre autres signaux d’alerte sur lesquels les étudiants ont été édifiés.
Ernest Gbaguidi, président de l’association Bénin Santé et Survie du Consommateur, a rappelé l’urgence d’une vigilance collective. Abou Bakary Issiaka, secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF), sous la tutelle du ministère des Finances, a pour sa part conseillé aux étudiants de faire attention aux structures ou plateformes qui proposent des taux mirabolants. Abou Bakary Issiaka apprend qu’il n’y a pas encore de réglementation dans l’espace UEMOA dont fait partie le Bénin, en matière de cryptomonnaie.
Pour Romain Abilé Houehou, président de la Ligue pour la défense du consommateur au Bénin, les chiffres confirment l’ampleur du problème. «Les fraudes ont fait perdre, depuis 2011 à ce jour, 22 milliards de dollars à l'humanité. Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, c'est deux milliards de dollars qui sont volés des poches des citoyens, et même des intellectuels, qui sont des ignorants de la technologie», a-t-il indiqué. Il a souligné le retard de l’Afrique dans la mise en place de cadres réglementaires de protection, alors que les technologies évoluent rapidement.
La rencontre a également permis d’aborder les dérives constatées dans la microfinance et la digitalisation croissante des services financiers. Abou Bakary Issiaka, secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF), a rappelé que le Bénin figure désormais parti des pays les plus avancés de l’UEMOA en matière d’inclusion financière, avec un taux de 90 % d’utilisation des services financiers numériques.
«Nous sommes à une étape cruciale en termes de digitalisation. Face à tout ça, il y a forcément des risques», a-t-il averti. Selon lui, les plateformes illicites profitent de la rapidité des innovations pour opérer en toute discrétion. «La plupart de ces plateformes sont peut-être hors du Bénin. Elles collectent vos dépôts et s'en vont», a-t-il ajouté.
Des victimes racontent
Plusieurs étudiants présents ont partagé leurs expériences personnelles, illustrant la facilité avec laquelle les jeunes peuvent être piégés. Orphée a été victime de la plateforme de placement d’argent Caméo Shell en 2022 quand il était encore en classe de seconde. Aujourd'hui en première année à la Faculté des Sciences économiques et de Gestion (FASEG) à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), il partage son témoignage. « Il y avait des amis qui se faisaient de l’argent en ligne. Donc j’ai voulu faire l’expérience aussi. J’ai eu la malchance de mettre 5000 F de mon argent dedans et le lendemain, la plateforme est devenue inaccessible », se remémore-t-il encore avec amertume.
Même désillusion pour Elon, étudiant à la Faculté de droit et de sciences politiques (FADESP). Séduit par les promesses de bénéfices rapides, il a investi 10 000 F dans une plateforme où il devait accomplir des tâches quotidiennes. «C’était pendant les vacances et un ami m’a convaincu de souscrire à la plateforme. Il m’avait dit que je pouvais investir de l’argent et en gagner plus», raconte-t-il. Chaque jour, il achetait un forfait internet pour suivre des vidéos et parrainer d’autres personnes. «J’ai fait cela pendant un mois et après le site est devenu inaccessible. J’ai appelé celui qui m’avait parlé du site et il m’a fait comprendre que le site s’est pété», ajoute-t-il.
Les organisateurs espèrent que ces récits contribueront à alerter les étudiants encore hésitants et à favoriser une culture de prudence face aux offres financières trop alléchantes. Cette séance à l'UAC s'inscrit dans le cadre d'une campagne nationale d'informations et de sensibilisation sur les risques liés aux crypto actifs et la vulgarisation de la loi n⁰ 2024-01 du 20 février 2024 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux (LBC), le financement du terrorisme (FT) et la prolifération des armes de destruction massive (FP).
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