Un électricien et un acheteur de ferrailles ont comparu devant le tribunal d’Abomey-Calavi, jeudi 2 octobre 2025, pour une affaire de vol et de recel d’objets volés.
Invité dans une concession pour de petits travaux d’électricité, l’électricien mis en cause aurait profité d’un moment d’inattention des propriétaires pour soustraire frauduleusement des marmites et d’autres ustensiles de cuisine, selon le récit des faits exposé par les plaignantes. L’une d’elles explique à la barre que l’électricien a dérobé au total neuf marmites, une glacière et plusieurs autres ustensiles de cuisine.
À la barre, l’électricien a déclaré avoir pensé que les marmites «n’étaient plus utilisées par leurs propriétaires, puisqu’elles étaient usées et se trouvaient dans un coin de la maison». Il a reconnu avoir vendu les neuf marmites à un acheteur de ferrailles.
Le juge lui a demandé s’il connaissait déjà cet acheteur. L’accusé a répondu par l’affirmative. «Donc, vous êtes un habitué de la vente d’objets volés ?», a interrogé le juge. L’électricien a assuré qu’il s’agissait de son premier acte de ce genre.
L’acheteur de "gankpo-gblégblé" se défend
De son côté, l’acheteur de ferraille a reconnu avoir acheté seulement trois marmites. Parmi elles, précise-t-il, «il y en avait une de six kilos que j’ai payée 3 500 F». Il a juré que c’était la première fois qu’il rencontrait l’électricien.
À la question du juge de savoir s’il s’était renseigné sur l’origine des objets avant de les acheter, le prévenu a affirmé avoir posé la question. Selon lui, l’électricien lui aurait assuré qu’il s’agissait de ses propres marmites qu’il voulait vendre en raison de difficultés financières.
Le représentant du ministère public lui a alors lancé : «Vous êtes acheteur d’objets. Dans les rues, vous dites "gâté-gâté", "batteries gâtées", "fers gâtés", "gankpo-Gblégblé". Mais est-ce que les marmites que vous avez achetées étaient gâtées pour que vous ne vous posiez pas de bonnes questions ?»
L’acheteur a répondu que «la marmite était déjà gâtée». «Gâtée ou usée ? Il y a une différence», a rétorqué le ministère public.
L’une des victimes a estimé à 100 000 F CFA la valeur de ses ustensiles volés. L’autre a déclaré ne pas vouloir de remboursement. Les proches de l’acheteur de ferraille ont versé les 100 000 F CFA réclamés par la plaignante.
Réquisitions et plaidoiries
Dans sa réquisition, le représentant du ministère public a demandé au tribunal de condamner l’électricien à 24 mois de prison, dont 12 ferme, et à une amende de 100 000 F CFA. Il a également requis 18 mois de prison, dont 6 ferme, et 50 000 F CFA d’amende contre l’acheteur de ferrailles.
L’avocat de l'acheteur de feraille s’est opposé à cette réquisition. Pour lui, son client ne pouvait pas deviner qu’il s’agissait d’ustensiles volés. Il a précisé que son client avait pris le soin de demander les raisons de la vente, et que le vendeur avait évoqué ses difficultés financières.
L’avocat a ajouté que, compte tenu du niveau intellectuel de son client et de sa position d’acheteur de ferrailles, il ne pouvait pas pousser plus loin ses vérifications. Il a rappelé que son client avait «automatiquement» payé les 100 000 F réclamés par la plaignante.
La défense a donc demandé au tribunal de relaxer purement et simplement l’acheteur, ou à défaut, de le relaxer au bénéfice du doute.
Le verdict du procès
Après délibération, le juge a reconnu l’électricien coupable des faits de vol de marmites et d’ustensiles de cuisine, et l’a condamné à 24 mois de prison, dont 3 mois ferme, assortis d’une amende de 50 000 F CFA.
L’acheteur de ferrailles, quant à lui, a été relaxé au bénéfice du doute des faits de recel d’objets volés. Le tribunal a également constaté que l’une des plaignantes avait été entièrement dédommagée.
Communément appelée "gankpo-gblégblé", la collecte et l’achat de métaux usagés est une activité très répandue au Bénin. Munis de sacs ou de charrettes, les acheteurs de ferrailles sillonnent les quartiers des villes et villages.
Aux cris de «gâté-gâté», «batteries gâtées», «fers gâtés», «gankpo-gblégblé», ils fouillent les dépotoirs à ciel ouvert et frappent aux portes pour amasser le maximum de ferrailles contre quelques pièces.
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