Nouveau jour d’audience dans le cadre du procès de l’affaire Dangnivo au tribunal de première instance de Cotonou. Comme annoncé, la session criminelle consacrée à cette affaire portant sur la disparition, en 2010, d’un fonctionnaire du ministère des Finances s’est ouverte mardi 11 mars 2025.
A l’ouverture, la Cour a entendu de nouveau Codjo Alofa, principal accusé, et Donatien Amoussou, son coaccusé. Dans leurs dépositions à la barre, les deux prévenus ont fait de nombreuses révélations.
Codjo Alofa a déclaré n’avoir jamais vu Urbain Pierre Dangnivo. Il a expliqué ses précédentes déclarations par lesquelles il endossait la responsabilité de la disparition de l’agent de l’Etat lui ont été édictées. Il cite les noms de plusieurs personnes dont le commissaire Aledji comme étant les ceux qui lui ont confié le rôle.
Le prévenu a déclaré avoir accepté de jouer le rôle sous pression et à coup de promesses dont une somme de 25 millions FCFA et une détention en prison de seulement 4 mois.
Donatien Amoussou, présumé complice de Codjo Alofa, a affirmé également n’avoir joué aucun rôle dans la disparition d’Urbain Pierre Dangnivo. Il affirme avoir été contacté, un jour, par un ami camerounais qui lui confiait avoir retrouvé le véhicule de Dangnivo alors recherché. Donatien Amoussou déclare avoir contacté un grand frère journaliste. Ce dernier a informé le patron de l’ORTB à l’époque. Une enquête a été ouverte.
Par la suite, apprend-il, le colonel Koumassègbo, responsable de la sécurité à la présidence de la République, l’a invité à son domicile. Là, le responsable lui aurait remis un téléphone avec pour mission de se rendre à Océan Fm, une radio privée, pour déclarer l’avoir retrouvé. Ceci, contre une somme de cinq cent mille francs CFA.
Il affirme avoir refusé d’exécuter cette tâche. Une autre personne, apprend-il a été sollicité pour exécuter la tâche. Peu de temps après, il a été arrêté. Lors de l’interrogatoire, Alofa l’a désigné comme son complice.
Donatien Amoussou a déclaré qu’en prison, ils étaient choyés. Il a évoqué des virées nocturnes, de billets de banque et autres.
A l’audience de ce mercredi 12 mars 2025, la Cour devrait confronter les déclarations des prévenus. Des témoins dont l’ancien ministre Bernard Lani Davo sont attendus devant la Cour pour être entendus sur cette affaire.
Les témoins Lani Davo et Koumassègbo au tribunal
Cités par les accusés dans leurs dépositions, l’ancien ministre Bernard Lani Davo et le colonel Koumassègbo ont répondu à l’invitation de la Cour. Les deux témoins cités à comparaître sont présents au tribunal, a constaté l’envoyé spécial de Banouto.
Outre les deux témoins dont la présence a été constaté, Codjo Alofa et Donatien Amoussou sont arrivés. Les deux prévenus sont vêtus de tenues locales surmontées du gilet de détenu.
Reprise de l’audience
Suspendue mardi 11 mars 2025 peu avant 17 heures, l'audience est reprise. La reprise a été prononcée quelques minutes après 10 heures. A la reprise, le président des céans demande que les accusés répètent ce qu'ils ont dit la veille afin de permettre à certains témoins de répondre. A la suite des témoins, des experts seront entendus par la Cour.
Le président des céans invite les témoins, experts et accusés à la barre. Il demande au ministère public d'organiser l'isolement des témoins et experts.
Un ex-agent du renseignement à la barre
La Cour entame les dépositions à la barre. Le premier à déposer est le colonel Enock Laourou, ex-agent du renseignement. Il dépose en qualité de témoin. Au moment des faits, il avait à charge la zone du Port autonome de Cotonou.
A la barre, il déclare avoir appris la disparition de Urbain Pierre Dangnivo par voie de presse. Après l’évasion présumée d’Alofa, le colonel a aidé à son interpellation à Lomé. La Cour voudrait qu’il raconte cet épisode.
Il a expliqué qu’en 2012, il était dans son bureau quand il a entendu des clameurs venant du camp. Il affirme qu’après renseignements et un déplacement, il a constaté une tentative d’évasion. Il dit avoir appris que c'était Alofa.
Le principal accusé rejette ces propos de l’ex-agent du renseignement et assure n’avoir jamais tenté de s’enfuir de la prison. Donatien Amoussou, coaccusé d’Alofa, a expliqué que la scène dont parle le colonel Laourou ne concerne pas Alofa mais plutôt lui.
Il explique qu'un complot était ourdi contre lui ce jour là pour le tuer. Mais il a pris le dessus sur celui qui était chargée de la mission. Il l'a plaqué au sol quand le colonel Laourou et quelques hommes sont venus. Il affirme que Laourou l'a mis dans coffre d'une voiture pour la brigade de recherches.
Donatien Amoussou déclare également qu'en 2013, il a été extrait de la prison de Missereté pour le service de renseignement. Arrivé là bas, le colonel Laourou lui a demandé d'accepter d'être le complice de Alofa. Il a refusé.
Le colonel Laourou nie tout en bloc
Le représentant du ministère public voudrait avoir des explications du colonel Laourou sur comment il a tracé le déplacement d’Alofa jusqu'à la frontière du Togo. « Est-ce que vous aviez son numéro ? », interroge le procureur de la République.
L’ex-agent du renseignement répond qu'on lui a communiqué le numéro d’Alofa en prison et il a tracé pour voir vers où il est allé. Il a vu qu’Alofa a effectué quelques appels vers le Togo. Laourou a dit avoir demandé aux autorités togolaises de l'aider si éventuellement Alofa était sur leur territoire.
Alofa balaie du revers de la main les propos du colonel Laourou. Il demande si on utilise téléphone en prison avant d’ajouter qu’en prison, ils n’ont accès qu’à une cabine téléphonique.
Donatien Amoussou soutient qu’il a été emmené chez le colonel Laourou où il lui a été proposé d’être le complice d’Alofa. Le colonel Laourou nie avoir reçu le prévenu quand il était à la tête des renseignements dans la zone du Port de Cotonou. Donatien Amoussou apprend que son refus de s’impliquer dans ce dossier lui a valu 62 jours en cellule
La partie civile interroge l’ex-agent du renseignement sur les attributions des services de renseignements. En résumé, le colonel Laourou apprend que c’est d'aider contre tout ce qui constitue une menace intérieure ou extérieure pour l'Etat. S’en suit alors une série de questions/réponses entre le colonel Laourou et l’avocat de la partie civile.
Partie civile: Est-ce qu’en 2012, Alofa était une menace pour l'Etat ?
-Non, répond l’ex-agent du renseignement.
-Qui vous a sollicité pour aider à l’appréhension d’Alofa en 2015 ?
-Je suis aux renseignements dont je n'avais pas à attendre qu'on me sollicite. Laourou indique que compte tenu des réactions que généraient le cas Alofa, il méritait une attention.
-Est-ce que dans d'autres cas, avez vous aidé à appréhender des prisonniers évadés ?
-Lorsque j'étais directeur des renseignements, j'ai eu le cas Alofa. Si j'en avais eu connaissance de d'autres cas, je l'aurais aidé à le rechercher
-Qui vous a confié le numéro de Alofa ?
-Par plusieurs services et le numéro était le même.
-Il vous faut combien de temps habituellement pour retracer la localisation d'un individu que vous ne connaissez pas ?
-Ça dépend du contexte. Je peux l'avoir en 15 minutes, 30 minutes, une heure même au-delà. Je ne peux pas dire un temps
-Dans le cas de Alofa, il a fallu combien de temps?
-Avant la fin de la journée, on avait su sa direction. Le numéro a été communiqué aux Togolais et le lendemain, elles l'ont localisé. Après, Alofa s'est déplacé et a changé de sim mais a utilisé le même téléphone. Ce qui a permis à nouveau de le localiser.
Alofa contredit le colonel Laourou
Alofa contredit à nouveau le colonel Laourou sur l’épisode de son évasion. Alofa fait savoir qu’après avoir été extirpé de la prison par des personnes encagoulées, une fois arrivée à Hillacondji, il a pris le numéro d'une dame dans une cabine pour effectuer un appel vers la prison. Il s’est ensuite acheté un téléphone portable et une carte SIM. Alofa maintient qu’il s’est lui-même rendu à la police togolaise qui l’a gardé pendant 17 jours avant de l’extrader vers le Bénin. Il ajouté avoir aussi appelé Lucien Degbo pendant son séjour au Togo.
Alofa révèle qu’à son retour en prison, 58 gardes lui ont été affectés pendant 1ans 10jours.
Poursuivant sa déposition, le colonel Laourou est revenu sur ses déclarations pour dire que lors de l'incident du camp Guezo, quand il est venu, on ne lui a pas nommément cité un nom. On lui a expliqué que la police revenait du tribunal avec un détenu dans l'affaire Dangnivo.
La gestion du dossier Alofa entrait-il dans le domaine d’action des services de renseignements ?
A cette question, le colonel Laourou répond qu’il est un gendarme et a voulu apporter un appui technique pour appréhender un détenu qui tentait de s'évader.
Il a déclaré à la barre qu'après l'évasion de Alofa, il n'a pas fait une fiche sur les initiatives qu'il a entreprises mais qu'il faisait des points d'étapes à son chef. Qui était le chef ? Le chef de l’Etat, a-t-il repondu.
A-t-il des liens fonctionnels avec le colonel Koumassègbo ? Il répond par la négative, ajoutant que les deux étaient dans des services différents et n’avaient pas de rapports hiérarchiques.
Résultats de tests ADN sur le corps retrouvé à Womey
Suspendue à 13 h, l'audience a repris à 14 h.
La parole est donnée à un expert français du nom de Guillaume Monique. Il intervient en ligne pour livrer le rapport d’expertise de tests ADN effectués sur le corps retrouvé à Womey. Un test ADN avait déjà été effectué, mais la famille a demandé une contre-expertise sur le corps retrouvé.
L'expert précise que son laboratoire n'a pas eu les résultats des analyses précédentes. Son laboratoire a reçu des prélèvements et a fait son travail. Des prélèvements ont été faits sur quatre enfants de Dangnivo et sur deux parents afin de savoir s’il y a un lien de filiation avec le corps retrouvé. Selon l’expert, après les différentes analyses, la probabilité que le corps soit celui de Dangnivo est de 99,99 %.
Il explique que selon les standards, lorsque le résultat est de 1%, cela signifie que l'analyse n'est pas parvenue à identifier la personne. A partir de 99%, souligne-t-il, cela veut dire la personne a été identifiée. Dans le cas qui lui a été soumis, le résultat est 99,99%.
Un autre expert, professeur Anatole Lalaye, livre aussi les résultats de ses analyses. Il a été appelé à la barre pour éclairer sur les premiers examens effectués sur les prélèvements du corps en 2010.
Il rappelle qu’àprès avoir présenté serment en 2010, il a eu avec son équipe à procéder à des tests d'identification génétique sur des restes contenus dans un bocal retrouvé à Womey. Il a fait les analyses avec le corps en putréfaction retrouvé. Il informe que l'analyse génétique sur le corps retrouvé montre un profil masculin unique, les analyses des restes du bocal montrent aussi un profil masculin unique et le profil unique des restes du bocal sont identiques au profil unique du corps.
Professeur Anatole Lalaye fait savoir que n'ayant pas accès au tissu sanguin du père et d'un enfant de Dangnivo, il n'a pas pu faire une analyse comparative pour savoir si c’était ou non le corps de Dangnivo.
A la question du président Céans de savoir pourquoi il n'a pas fait l'analyse comparative alors qu'une ordonnance l'y a autorisé, professeur Anatole Lalaye répond avoir pris rendez-vous avec les personnes, mais est resté avec l'huissier dans son laboratoire jusqu'au soir sans les avoir vu se présenter.
Il poursuit que c'est en juillet 2018 qu'il a pu avoir les avoir et procéder aux analyses. Sa conclusion : la probabilité de paternité de la dépouille mortelle exhumée avec les enfants sur lesquels les prélèvements ont été faits est de 99,99%.
L'expert Anatole Lalaye a précisé qu'il travaille sur les parties molles et non sur les os. Il ajoute qu'il faisait partie de l'équipe des légistes à Womey lors de la découverte du corps. Il dit qu'ils ont prélevé des parties osseuses mais qu'il n'a travaillé que sur les parties molles.
Il informe qu'un autre laboratoire étranger a été sollicité pour travailler sur les ossements. Il assure que tout a été fait en présence d'un huissier et les éléments mis sous scellés.
L'expert souligne ne pas avoir travaillé sur la nature de la substance dans laquelle baignaient les restes dans le bocal. Il précise qu'il n'est pas mêlé à la contre expertise et qu'il n'a eu aucun contact avec l'équipe ayant réalisé la contre expertise.
Il précise qu'il n'est pas un légiste, mais un biologiste qui travaille aussi sur l'ADN.
Le médecin légiste Clément Padonou appelé à la barre
Après l’expert français et le professeur Lalayé, un autre expert convoqué à la barre. Il s’agit du médecin légiste Clément Padonou.
Le représentant du ministère public est le premier à lui lancer une question. « Au moment de l'exhumation du corps a Womey, est-ce qu'on avait une dépouille complète ? », demande le magistrat au médecin.
Le légiste répond qu’on lui a dit qu’un corps a été retrouvé à Womey. L’ordre lui a été donné de s’y rendre et de procéder à l'exhumation et, au besoin, de faire l'autopsie.
« Je suis parti (et) on a trouvé un corps enterré à même le sol. On l’a exhumé. Le présumé assassin nous a conduit dans un buisson et nous a montré un bocal avec les restes. Là, moi je ne peux pas dire que si la dépouille est complète. J'ai vu la boîte et il y avait un huissier qui a mis sous scellé », a laissé entendre le médecin Clément Padonou.
A la question de savoir si le corps a pu être exhumé ailleurs et enterré là où on l'a retrouvé, le médecin répond qu’il ne peut le dire.« Normalement moi je viens sur un lieu sécurisé. Tout le monde ne peut pas être sur le lieu de l'exhumation comme ça a été le cas », ajoute-t-il.
La partie civile enchaine avec une question sur la longueur du corps exhumé à Womey. « Selon votre rapport, le corps mesure 1m67 » commence un avocat de la partie civile. Le médecin légiste répond que la mesure ne peut être qu'approximative. « Et je n'ai jamais dit que la taille de la personne est 1m67. Un corps en décomposition ne peut donner la mesure réelle », souligne-t-il.
Le médecin légiste a déclaré qu’il était présent quand le corps a été mis sous scellé. Le scellé, précise-t-il, a été fait à Womey le 27 août 2010 devant un huissier. Il a dit que c'est lui qui a demandé qu'un expert en ADN vienne avec lui sur les lieux. C'est ainsi que Lalayé a été commis
L'exhumation, fait-il savoir, n'a pas été difficile
La partie civile relève une contradiction
Suite à la déposition du médecin légiste, la partie civile prend la parole. Elle relève une contradiction. L’avocat de la partie fait savoir qu'elle remarque que quelque chose a été exhumé le 27 septembre et déposé à la morgue. Elle relève que le légiste a dit devant la Cour que c’est en sa présence qu’un scellé a été posé sur le corps exhumé.
Ceci, souligne l’avocat, alors qu’un rapport du 28 septembre 2010 indique que c'est à la morgue qu’il a été montré au médecin légiste un corps sur brancard qui aurait été exhumé à Womey, et il a posé les scellés. La partie civile veut savoir alors ce qui s'est passé.
Le président des céans a dit que c’est celui qui a posé les scellés qui viendra répondre à cette question de la partie civile.
Ce que dit le rapport d’autopsie
Sur le corps exhumé à Womey, le médecin-légiste a fait une autopsie. Le ministère public demande donc au médecin-légiste de partager avec la Cour les constatations faites lors de l'autopsie.
Le ministère public demande au médecin de dire à la Cour à peu près quand est morte la personne dont il a autopsié le corps. Le médecin-légiste répond qu’il ne peut dire quand est-ce que la personne est morte.
Du rapport présenté par le légiste à la barre, il ressort que le corps exhumé à Womey était en état de putréfaction avancée. Il y est souligné que les os du visage sont écrasés, l'os du haut de la tête était aussi écrasé. Les os des membres, selon le rapport lue devant la Cour étaient désarticulés. Il a été constaté une absence du cœur et de la langue.
Le médecin-légiste a conclu son rapport en disant que les lésions ont été faites par un objet contondant, comme la cross d'un fusil, par exemple. Il souligne que quand on inflige de telles contusions à un individu, il ne peut pas être sauvé par un médecin.
Lani Davo, ex-ministre de Yayi admet avoir donné de l'argent à l'accusé Amoussou en prison
Bernard Lani Davo à la barre. Pour rappel, il a été ministre de l'enseignement secondaire et de la formation technique et professionnelle sous le président Boni Yayi, de 2008 au 20 juin 2010. Il est donc sorti du gouvernement tout juste avant les faits en 2010. Il a été convoqué à la barre peu avant 19 h pour sa déposition.
A la question du président des Céans de savoir s’il reconnait quelqu’un parmi les deux accusés, Codjo Alofa et Donatien Amoussou, Lani Davo répond non. Mais il ajoute avoir rencontré une fois Amoussou.
Il raconte par la suite qu’après son départ du gouvernement, il voulait rencontrer le président de la République. Il poursuit qu’il était à Cotonou quand quelqu'un l'a appelé pour lui dit qu'ils sont au Nord avec le président. Lani Davo dit avoir demandé qui était au bout du fil. Son interlocuteur lui aurait répondu que c'est la garde républicaine et que le Président lui demande d'aller voir un certain Amoussou à Missereté pour lui remettre 100.000 FCFA.
Lani Davo rapporte avoir dit à son interlocuteur qu'il n'a pas d'argent. La personne à l’autre bout du fil, poursuit-il, a insisté lui demandant de trouver au moins 50.000 FCFA, et le président a promis de les lui rembourser lorsqu’ils se verront le lendemain.
Lani Davo dit s’être effectivement rendu à la prison de Missereté où il a demandé à voir Amoussou. Mais, ajoute-t-il, gêné par la fraicheur de la personne qui s'était présentée à lui, il est reparti sans avoir remis les sous.
Lors de son retour, il était au niveau de Porto-Novo lorsque son interlocuteur, supposé agent de la garde républicaine, l’a rappelé pour savoir s’il ne s’était plus rendu à Missereté. Lani Davo dit lui avoir expliqué qu'il en revenait et son constat. L’interlocuteur, poursuit Lani Davo dans sa déposition à la barre, lui a signifié de demander Amoussou le gendarme une fois à la prison.
Reparti, il a rencontré Amoussou et lui a remis l’enveloppe de 50.000 FCFA. Lani Davo rapporte que dès que Amoussou l'a vu, il s'est mis à se plaindre et a confié qu'on devait lui amener de l'argent mais qu'il ne voit rien.
Lani Davo dit avoir rappelé le numéro du supposé agent de la garde républicaine qui l'avait appelé, mais le numéro n'a plus marché. Lani Davo confie qu'il a alors cru avoir été escroqué par des gens dans l'entourage du palais. C'est bien après que quelqu'un lui a dit qu'il est cité dans l'affaire Dangnivo.
Lani Davo et Amoussou se confrontent
Dans sa déposition, Lani Davo nie avoir remis plus de 50 000 F à Donatien Amoussou. Cette version est contredite par le concerné Donatien Amoussou, qui déclare avoir reçu bien plus.
Amoussou explique qu'il était en isolement à la prison lorsqu'il a reçu la visite de Lani Davo. Il s'est présenté, notifiant qu'il lui a été demandé de lui faire une commission et lui a remis une enveloppe de 100.000 FCFA. Lani Davo l'aurait ensuite rassuré qu'il n'a pas été oublié et a rencensé ses besoins. C'est ainsi qu'il (Amoussou) lui a parlé de télé et autres.
A la demande de Lani Davo, poursuit Amoussou, il lui a communiqué le numéro du décodeur canal+ de sa cellule. Amoussou indique que son abonnement canal+ a été renouvellé chaque mois après cette rencontre. Lani Davo, affirme Donatien Amoussou, est retourné le voir une autre fois avec un livre dont le titre est "la bonne semence". Dans le livre se trouvaient la somme de 200.000 FCFA.
Lani Davo reconnait qu'il sort toujours avoir sur lui un livre spirituel, mais ne se retrouve pas dans ces faits. L'ancien ministre de Yayi demande à Donatien Amoussou de dire le numéro du décodeur et la formule. Amoussou repond qu'il ne peut pas se souvenir du numéro du décodeur, étant donné que les faits remontent à 13 ans.
La partie civile demande à Lani Davo quel intérêt Amoussou a à alléger ces faits contre lui ? S'il s'est organisé pour nuire à sa personne, repond Lani Davo.
Un avocat de la défense voudrait savoir si Lani Davo s'est demandé pourquoi Boni Yayi lui aurait demandé de remettre de l'argent à une personne citée dans le dossier Dangnivo.
Lani Davo répond qu'il ignorait que Donatien Amoussou était dans le dossier. Il ajoute qu'il ne savait pas pourquoi il a été sollicité pour remettre de l'argent à Amoussou. Il dit avoir agi avec la volonté d'aller aider quelqu'un en détresse.
L’ex-patron de la police judiciaire à la barre
A la suite de l’ancien ministre Bernard Lani Davo, la Cour a convoqué à sa barre le commissaire Prince Aledji. Ancien patron de la police judiciaire, le commissaire est cité par le principal accusé, Codjo Alofa. Selon Codjo Alofa, le commissaire Aledjo est celui qui lui a dit d’impliquer Donatien Amoussou dans l’affaire.
La Cour voudrait alors entendre l’ancien chef de la police judiciaire sur ces accusations. La Cour demande au commissaire Aledji de lui raconter comment Donatien Amoussou a été identifié comme complice de Alofa.
L’ancien patron de la police judiciaire commence par dire qu’avec le temps, il a pu oublier certains détails. Mais, poursuit-il, c'est Alofa qui a dit que le produit donné à Dangnivo lui a été remis par Donatien Amoussou. Alofa, fait savoir le commissaire, a dit qu'il connaissait Dangnivo qui venait chez lui pour faire des produits pour son avancement
Aledji a fait remarquer que Donatien Amoussou a été arrêté et mis à la disposition de la commission d'enquête. Et que lorsqu’il a été mis avec quelques individus, Alofa l'a identifié sans hésiter.
A la question de savoir s’il a une autre preuve de l'implication de Amoussou en dehors des déclarations de Alofa, le commissaire Aledji a répondu non. L’ancien patron de la police judiciaire a expliqué que lors de la confrontation de deux, Amoussou a nié son implication.
Codjo Alofa réagit en rappelant qu’il avait dit que c’est le commissaire Aledji qui lui a dit d'impliquer Amoussou. Il dit qu'une fois revenu après exhumation du corps, quand il a montré une ceinture qui serait de Dangnivo, la famille a refusé. Quand il a montré un téléphone portable qui aurait appartenu à Dangnivo, la famille a refusé. Alors il fallait trouver quelque qui puisse appartenir à Dangnivo.
C'est là que Aledji a dit d'impliquer Amoussou qui ne voulait pas aller dans le sens qu'on lui demande. Il maintient que lors de l'identité de Amoussou, c'est Aledji qui lui a donné le code de chiwingum. Alofa dit que quand il a identifié Amoussou, ce dernier a voulu le tabasser sur place.
Le principal accusé explique que quand il a été extrait de la prison pour la compagnie de gendarmerie, on ne lui a pas automatiquement demandé d'endosser les charges. C'est quand le commissaire Aledji est venu le voir qu'on lui a expliqué.
Il poursuit en disant que c’est après avoir été molesté à plusieurs reprises qu’il a accepté. Il raconte qu’un jour, le commissaire Aledji a menacé de le fusiller s’il n’accepte pas de faire ce qu’on lui a dit. Alofa relate que ce jour-là, il avait été conduit dans le bureau du commissaire Aledji. A son arrivée dans le bureau, le commissaire Aledji essayait de sortir une balle d'une arme.
Face à la difficulté à sortir la balle, l’agent qui l’a conduit au bureau du commissaire a récupéré l’arme et est allé dans un coin où il a tiré. Le commissaire, soutient-il, lui a dit: « tu vois, si tu n'acceptes pas ce qu'on dit, je vais te fusiller ».
Face au commissaire Aledji, Donatien Amoussou a expliqué que la commission d'enquête mise en place pour élucider l’affaire c’est d'abord à la présidence, ce n'est pas le parquet. Il répète ces déclarations à l’ouverture de la session criminelle sur comment il a été impliqué dans l’affaire.
Il dit que c'est après qu’il a refusé d’aller remettre un téléphone portable à Océan Fm et dire qu’il l’a retrouvé qu’il a été convoqué le lendemain à la présidence. Donatien Amoussou affirme avoir refusé de s’y rendre. Il dit s’être finalement rendu à la présidence à la demande de son grand frère.
A la présidence, après discussions, il lui a été dit de se rendre à la compagnie de gendarmerie, accompagné par son grand frère. Il affirme que c’est à la compagnie de gendarmerie qu’il a vu le commissaire Aledji. « Ils ont demandé à mon grand frère de sortir et qu'ils vont s'entretenir avec moi. C'est comme cela j'ai été arrêté », a-t-il laissé entendre.
Le commissaire Aledji conteste ces propos de Donatien Amoussou. L’ancien patron de la police judiciaire dit que quand tu es à la police judiciaire, tu es en civil et tu n'as pas d'arme. Ensuite, on ne manipule pas l'arme dans la chambre.
Alofa conteste des échanges téléphoniques avec Dangnivo
Le président des Céans lance une question au commissaire Aledji. « Comment expliquez-vous que quelqu'un qui était dans la main de la Police dans la nuit du 17 au 18 août pour vol ait pu tuer Dangnivo qui a disparu le 17 août ? », interroge le magistrat.
« Moi, je ne sais quoi répondre. Je ne sais quel intérêt j'ai à le charger », a répondu le commissaire Aledji. L’ancien chef de la police judiciaire indique qu’il y a eu des échanges téléphoniques entre Dangnivo et Alofa. Entre le 13 et le 15 août, Dangnivo et Alofa ont échangé par appel téléphonique à dix reprises. Dangnivo a émis quatre appels et Alofa six. appels).
Codjo Alofa nie avoir échangé par appel téléphonique avec Dangnivo. Il dit le numéro qu'on lui a montré et qui serait celui que Dangnivo appelait n'était pas son numéro. Il déclare que c'est le numéro du certain Gobi, conducteur de taxi-moto à Womey.
Il dit qu'à son retour de prison pour le premier cas de vol, Gobi lui avait prêté ce numéro. Mais, il assure, ne rien savoir des appels avec Dangnivo
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