
Patrice Talon et Olivier Boko
Patrice Talon et Olivier Boko avaient un deal politique. Le chef de l'Etat béninois et son bras droit s’étaient entendus sur des choses. C'est en tout cas ce qu'a révélé le président Talon dans une interview à Jeune Afrique publiée, vendredi 14 mars 2025.
« Il était dit et convenu entre nous qu’autant je refusais de m’éterniser au pouvoir, et cela pour le bien du pays et de la démocratie, autant, et pour les mêmes raisons, il était inenvisageable à mes yeux que mon successeur soit issu de ma famille ou de mon clan », a fait savoir le chef de l’État. Le président béninois ajoute que si un homme était de son c’est bien Olivier Boko.
Mais l’homme d’affaires et ami du président béninois a, à un moment donné, commencé à nourrir l’ambition de s’asseoir sur le fauteuil présidentiel. La création du mouvement OB26 qui promouvoir la candidature d’Olivier Boko lors de la présidentielle 2026 laissait, du moins, le croire.
« Jamais je n’ai sérieusement pensé qu’Olivier Boko convoitait la fonction que j’occupe », a confié Patrice Talon. Le président béninois affirme avoir d’abord cru à des sornettes quand l’on est venu lui annoncer l’ambition présidentielle de celui qu’il considérait comme un « frère ».
L’actuel locataire de la Marina a indiqué que les preuves de l’activisme politique en vue de faire de Boko son successeur ont commencé à s’accumuler, il s’est dit qu’il viendra le voir pour crever l’abcès et lui en parler. Ne voyant aucun signe allant dans ce sens, le président dit avoir pris l’initiative l’interroger. « Il m’a répondu que tout cela se faisait à l’insu de son plein gré, mais qu’il fallait laisser les gens s’exprimer », a confié Patrice Talon indiquant l’avoir écouté, à demi rassuré.
Le président béninois confesse qu’il était dans le déni. « Cela me paraissait à la fois invraisemblable venant de lui, et techniquement irréalisable. Comment pouvait-il croire qu’une candidature solitaire, en dehors des partis, puisse prospérer, dans la mesure où le code électoral stipule que seuls les candidats désignés par un parti sont en mesure de compétir ?», a ajouté Patrice Talon.
Le chef de l’Etat croit savoir que c’est à partir du moment où Olivier Boko s’est rendu compte qu’une candidature solitaire ne pouvait prospérer qu’il a commencé à penser au pire. « En réalité, ce n’était pas, comme je l’ai longtemps cru, un caprice d’enfant gâté de sa part, mais bel et bien une volonté déterminée d’exercer le pouvoir, tout le pouvoir, quitte à me déposer », pense Patrice Talon.
Le président béninois fait allusion à l’affaire « complot contre la sureté de l’Etat ». Accusés par le chef de la garde prétorienne de l’avoir entrepris pour perpétrer un coup d’Etat contre Patrice Talon, Olivier Boko et l’ancien ministre des Sports, Oswald Homeky, ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle. En fuite, Rock Niéri, homme d’affaires et beau-frère d’Olivier Boko, a été condamné par défaut à la même peine.
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