La cheffe Béninoise Viviane Keith Sonon
C'est dans une ambiance feutrée que la cheffe béninoise nous a accueilli dans son cadre de travail. Avec son sourire singulier et sa voix suave, elle nous dévoile une préparation millimétrée, caractérisée par un suivi médical, une discipline sportive et une rigueur mentale. Portée par la conviction d’avoir déjà « remporté » son défi, elle appelle partenaires et public à se joindre à l’aventure pour une fête qu’elle promet « belle ».
Journaliste Banouto : Qui est Keith Sonon ?
Keith Sonon : Je suis la cheffe Keith Sonon, j'ai étudié l'art culinaire en France, plus précisément à Lyon qui est la ville gastronomique de la France. Je suis née à Cotonou et mes deux parents sont Béninois.
Du 1er au 15 décembre 2025 au Palais des Congrès de Cotonou, vous participez à un marathon culinaire. Comment est née l’idée de vous lancer dans ce marathon ?
Je me suis inspirée de la cheffe nigériane Hilda Baci qui a participé à cela il y a 2 ans. Et forcément, être inspirée ne suffit pas, il faut nécessairement avoir l'amour et la passion du truc pour pouvoir envisager un tel challenge. Donc, ma passion et l'amour pour la cuisine m'ont poussé à me lancer dans ce challenge. Je souhaite montrer que la femme béninoise est quand même capable de faire telle chose. Du coup, je vous invite à venir, à me soutenir, ça sera une fête nationale.
Comment ça va se passer et combien de temps de pause est autorisé par heure ?
Alors, il faut cuisiner pendant des jours non-stop. Bien évidemment avec 2 heures de pause en une journée en 24 heures. Ce qui fait 6 minutes par heure. Ces 6 minutes par heure sont cumulables, ce qui fait 2 heures par jour. Il y a des règles strictes à respecter. Alors il faut tenir sans caféine, sans boissons énergisantes et vitamines, tout ce qui est en jus, tout ce qui peut booster.
Il faut tenir sans ces produits dopants, sinon, on est disqualifié automatiquement. Les plats préparés sur le site ce jour-là sont redistribués à la population, à tous ceux qui seront pris sur le site et aux orphelinats, aux hôpitaux, aux SDF.
Sur les réseaux sociaux, vous parlez souvent de ce défi comme d’un “cri d’amour” au Bénin. Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vous ?
Déjà, je veux positionner mon pays sur la carte mondiale. Montrer aux autres pays que quand on parle du Bénin, on ne parle pas que de sorcellerie, on ne parle pas que de Vodun. Il y a aussi la gastronomie béninoise. Mon but en fait, c'est de valoriser les plats béninois. Montrer au monde entier que nous sommes Béninois, on ne connaît pas que le Vodun. Il y a aussi notre gastronomie qu'on peut mettre en avant.
Et comment comptez-vous y arriver ?
C'est simple, cuisiner que des plats béninois pendant les 15 jours d'affilée. Que ce soit du sud ou du nord.
Pouvez-vous nous donner quelques noms de plats que vous allez cuisiner durant le marathon?
Il y aura déjà le haricot, il y aura notre cassoulet mondial, il y aura l’Atassi, il y aura le ‘‘man’’, il y aura le ‘‘fon man’’, ‘‘Assrokoui’’, Gombo " et j'en passe.
Est-ce qu’il y a suffisamment de mets béninois pour tenir pendant les 15 jours ?
Il y en a assez ! Je vais faire le tour de la gastronomie béninoise. Vous verrez qu'on a quand même assez de plats au Bénin.
Quelle image souhaitez-vous donner de la cuisine béninoise à travers cet exploit ?
Je pense qu'au Bénin, on a des plats variés, riches. Quand nous prenons l'exemple de diététiciens, des nutritionnistes, de ceux qui interviennent dans le rééquilibrage alimentaire, ils se réfèrent directement aux plats européens. Je voudrais leur montrer que non, on a quand même des aliments au Bénin adaptés au rééquilibrage alimentaire, des aliments que nous pouvons manger et être bien. Ce n'est pas que du gras, que de l'huile.
Comment est-ce que vous vous préparez physiquement et mentalement ?
Physiquement, je vais à la salle, j'ai un coach qui me suit. Je me prépare quand même pas mal. Après, mentalement, j'ai un psy avec qui je discute régulièrement pour voir ce qu'il en est. J'ai un cardiologue qui me suit et une nutritionniste qui établit un menu pour me booster pendant certains jours.
Comment est-ce que vous vous organisez concernant le temps du sommeil ?
Oui, il y aura un suivi psychologique ce jour-là, forcément. Et au niveau du temps de sommeil, je vais cumuler mes minutes et les prendre à la fin parce que ça ne serait pas intelligent de ma part de prendre ces six minutes de pause pendant chaque heure. Je vais me fatiguer avant l'heure.
Alors, nous sommes à moins d'un mois du marathon. Quelle est votre journée type ? Comment se passent vos journées du réveil jusqu'au coucher du soleil ?
Alors, vu qu'on est à deux semaines là, je suis en train de récupérer petit à petit, mais quand je me réveille, par exemple, je prends le petit déjeuner, je sors, je vais rencontrer des partenaires, je fais les procédés à faire, et j'essaie de me relaxer en masse pour quand même emmagasiner des forces pour cette journée.
En dehors de la cuisine, qu'est-ce que vous faites à vos heures creuses ?
D'habitude, je m'intéresse à tout ce qui est psychologie, droit. Donc, je lis des livres sur la psychologie. Je regarde des documentaires sur le droit. Et il faut retenir aussi que je n'ai pas étudié que l'art culinaire. Avant ça, j'ai étudié le management commercial opérationnel. Donc, c'est vraiment par passion et amour que je me suis dirigée vers la cuisine.
Donc, oui, d'habitude, droit, psychologie. Je m’intéresse à mon environnement. Après, forcément, je suis jeune. Donc j’aime faire la fête. Mais actuellement, je suis vraiment focus sur le challenge, ma routine depuis quelques temps c’est cuisine, sport, repos.
Le Guinness World Record impose des règles très strictes. Pouvez-vous nous dire ce que vous faites pour qu'une erreur technique ne survienne pas et n'engendre pas l'invalidation de votre record comme ce fut le cas ailleurs ?
On travaille avec des personnes professionnelles, des personnes assez compétentes dans notre domaine. Ces personnes sont conscientes de l'ampleur du projet, de l'enjeu, du défi. Donc, forcément, on a pris nos précautions pour cela.
Est-ce que des répétitions sont faites ?
Oui! Les caméras vérifiées, tout ce qu'il faut faire, les personnes qu'il faut changer à telle ou telle heure.
Quelle invite avez-vous à lancer aux Béninois ?
Nous faisons appel aux sponsors, partenaires, des personnes qui peuvent aider, que ce soit sur le plan financier ou matériel. Nous avons besoin de vivre, parce que, bien évidemment, je peux tenir les 15 jours, mais s'il arrive une rupture dans le grenier à cuisine, ce n'est forcément pas intéressant.
Un mot sur votre état d’esprit pour clore cette interview ?
Merci pour votre soutien. On a la victoire, on a déjà remporté, ça c'est sûr. Tout le reste, ce ne sont que des formalités. Donc, venez, on va s'amuser. Puis, je n'attends que vous. La fête sera belle. Pour suivre mon actualité sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook, TikTok en tapant Cheffe Keith Sonon.
Interview réalisée par Erwane Oliyidé
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