Au Bénin, l’accès à l’information et aux services de santé sexuelle et reproductive reste un défi dans de nombreuses localités rurales. Les barrières socioculturelles et le manque d’accès aux soins renforcent la stigmatisation. Pour inverser cette tendance, une caravane dénommée ‘’Doxami’’ (discute avec moi) a été initiée. Elle vient à la rencontre des communautés pour lever ces obstacles en engageant un dialogue ouvert et respectueux sur ces questions essentielles.
Ce samedi 5 avril 2025, elle était à Djougou grâce à l’association ILEWA qui a initié le village Doxami pour une sensibilisation de proximité en vue d’un accès sécurisé aux soins de santé reproductive. Selon Nafissath Hounkpatin, présidente de l'ONG ILEWA, le village Doxami est bien plus qu'un événement. « C'est l'expression d’un rêve collectif, celui de voir chaque jeune, chaque fille, chaque garçon évoluer dans un environnement où la connaissance, la santé et la dignité sont garanties ».
L’objectif à travers cette initiative est de « rendre la santé sexuelle et reproductive accessible, compréhensible et vivante pour chaque jeune du Bénin ». Pour cela, le village Doxami propose une approche originale : « apprendre en créant, comprendre en jouant, s'informer tout en servant », relève la présidente.
Briser les tabous et offrir un espace d’information
La représentante du directeur départemental de la Santé a salué l'initiative. Elle a souligné que le village Doxami est « une action d'envergure qui place la santé sexuelle et reproductive au cœur des préoccupations de notre jeunesse ». Elle rappelle que la santé est un droit fondamental et que l'accès à une information claire, complète et adaptée en matière de santé sexuelle et reproductive est une condition essentielle pour assurer le bien-être et l'épanouissement des jeunes.
Pourtant, « les tabous, le manque d'informations et l'accessibilité des services de santé restent des obstacles majeurs à l’adoption de ce droit, particulièrement dans le département de la Donga ».
Le village Doxami, précise-t-elle, apporte une réponse concrète à cette problématique. « Il offre un cadre éducatif et interactif où les jeunes peuvent s'informer, échanger, acquérir des connaissances essentielles sur des thématiques telles que la contraception, le cycle menstruel, la gestion du cycle mensuel et le cadre légal de la santé sexuelle et reproductive ». Elle a réaffirmé l'engagement du ministère de la Santé et des services déconcentrés à accompagner de telles initiatives.
Campagne Doxami : « une lumière dans l'obscurité »
« Aujourd'hui, je me tiens devant vous avec le cœur chargé d'émotion et d'espoir. Émotion parce que c'est ici, dans notre ville que résonne aujourd'hui l’écho d'une campagne nationale : village Doxami qui veut dire discute avec moi. Espoir parce que je crois profondément qu'un mot, une action, un engagement peuvent changer des vies ; cela commence par la reconnaissance et la réponse à nos droits », a déclaré la représentante des bénéficiaires.
Elle a fait remarquer que les droits en santé sexuelle et reproductive ne sont pas des mots compliqués réservés aux livres de loi. « Ce sont des réalités concrètes : c'est le droit de chaque fille à disposer de son corps ».
C’est aussi « le droit de chaque garçon à obtenir une information juste, sans tabou ». Selon elle, la campagne Doxami n'est pas seulement un projet ; c'est une lumière dans l'obscurité. C'est une voix qui dit : tu as le droit de comprendre ; tu as le droit de choisir.
Des activités adaptées
Le village Doxami a proposé des activités inclusives pour encourager les échanges. Il y a eu une animation folklorique par des jeunes engagés pour stimuler l’ouverture au dialogue. Des personnalités et acteurs du secteur de la santé sont intervenus pour aborder les questions liées à la santé reproductive, la contraception et l’accès aux soins d’avortement sécurisé.
Ces discussions se sont déroulées dans un cadre participatif adapté aux réalités locales. Une sensibilisation par l’art et la culture, incluant des ateliers interactifs ainsi que des jeux concours, a également été organisée afin d’assurer un apprentissage dynamique et engageant.
Lancée en septembre 2024, la campagne #Doxami est portée par un collectif d’organisations engagées dans la promotion des droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Elle vise à lutter contre la stigmatisation, améliorer l’accès à l’information et garantir que chaque femme puisse bénéficier des soins nécessaires dans un cadre sécurisé conforme à la loi.
0 commentaire
0 commentaire