Lauréat de l’édition 2020 du Prix International de la musique urbaines (PRIMUD d’or 2020), Mix Premier est un nom qui compte dans le coupé-décalé. Mais les débuts de l’artiste-compositeur-chanteur et interprète n’ont pas été faciles. Invité sur l’émission ShowBuzz de la Nouvelle chaîne ivoirienne (NCI), Emile Joël Sofonnou alias Mix Premier a raconté ses débuts difficiles dans la musique.
Selon son récit, avant d’embrasser une carrière musicale, Mix Premier a été d’abord disc-jockey (DJ). Le chanteur a notamment travaillé à la Cour des grands, un maquis sis à Marcory, un quartier d’Abidjan. « Là-bas, avant qu’on te prenne, tu dois passer un examen », se souvient Mix Premier.
L’examen, a fait savoir Emile Joël Sofonnou, consistait à un mixage de toutes sortes de styles musicaux en cinq minutes. « Coupé-décalé, zouk, RnB, RDC…tu fais ça en cinq minutes et tu dois t’arranger de sorte à ce que tous ceux qui sont présents bougent un peu », détaille celui qui se fait également appelé Champion tout terrain. L’évaluateur principal était Freddy Papa Mukuluku, un célèbre nom dans le milieu du showbizz ivoirien.
« Ils m’ont pris mon argent »
Mix Premier apprend n’avoir pas été prévenu qu’il serait soumis à un test. Il explique que le jour de son test, il a été pris au dépourvu. « Quand je suis arrivé, il y a Charly Bonga (paix à son âme), qui a dit à Freddy Papa Mukuluku, voici un petit que j’ai rencontré à Port-Bouet. Je l’ai vu en train de chanter, j’aimerais bien qu’il travaille avec nous. Freddy dit ouais, certes il travaille mais est-ce qu’il peut mixer? Donc vas-y, il faut mixer on va voir. Là, comme ça, séance tenante », relate Emile Joël Sofonnou.
En allant dans la cabine pour le test, « je tremblais », se rappelle Mix Premier. Le test s’est finalement soldé par un succès. « Heureusement, j’avais appris un peu avec mon ainé DJ Salt qui m’a montré comment faire. Je suis parti et j’ai placé la sélection. Je n’ai même pas fini, il m’a dit ok, les deux pouces levés », se souvient l’artiste. Mix Premier dit avoir, par la même occasion, surpris agréablement Charly qui, apprend-il, pensait qu’il faisait juste des déclamations connues sous le nom d’atalakus dans le milieu du showbizz ivoirien.
Le succès plus ou moins brillant de Mix Premier au test inattendu ne lui permet cependant pas de commencer à exprimer son talent dès son recrutement. « Quand on m’a pris, je n'ai pas commencé à exercer directement. Tu viens, tu t’arrêtes de 18h 30 à X h. Tant qu’il y a des clients, vous êtes là. J’ai fait plus de deux semaines sans avoir accès à la cabine », a confié l’artiste qui se souvient que quand il a fini son premier show, « ils ont pris (son) argent ». A la descente du boulot, l’artiste affirme rejoindre sa maison située à plusieurs kilomètres de son lieu de travail à la marche. « J’avais mon gars (…) avec qui on marchait très souvent. On payait arachide et on mangeait sur la route jusqu’à Port-Bouët ».
Après la cour des grands à Marcory, Mix Premier a aussi officié aux 1000 maquis à Yopougon. « Il faut dire qu’à l’époque, c’était chaud hein. Dans une cabine, il y avait au moins dix DJ à la balance. Donc, tu viens, tu ne peux pas être accueilli à bras ouvert », relate le chanteur. Mix Premier apprend que tout comme sa première à la Cour des grands, les libéralités qui lui ont été faites par les clients lui ont été retirées par les anciens. « On m’a dit va, il faut rentrer », raconte-il.
Mix Premier apprend qu’il patientait qu’un autre collègue plus ancien fasse show avant de venir. « De fil en aiguille, j’ai réussi à m’imposer », confie l’artiste. A l’époque, Mix Premier informe que ses collègues et lui recevait un salaire hebdomadaire de 20 000 FCFA. « Au début quand tu arrives, c’est 10 000 FCFA. Ce sont les "travaillements" (libéralité et don) qui couvraient. Et les travaillements, c’est en casiers de bière. Le matin, tu calcules le nombre de casiers que tu as et tu vas voir le gérant. Si par exemple 10 casiers font 30 000 FCFA, le gérant te propose de prendre 15 000 FCFA et toi le reste. Tu ne veux pas, tu vas prendre tes casiers », révèle-t-il.
« J’ai toujours aimé la musique »
Star du coupé-décalé, Mix Premier confie être un passionné de la musique. « Moi j’ai toujours aimé la musique », a déclaré l’artiste. Il apprend qu’il était convaincu que son étoile brillerait dans ce métier. « Je me disais que forcément un jour j’aurais ma chance où ils vont me donner le micro. J’étais convaincu que je séduirai le public ce jour-là. Le premier jour où j’ai pris le micro, franchement ce n’est pas pour me vanter, mais les gens n’avaient pas l’habitude d’écouter des atalakus avec des mélodies. Avant, c’était l’ambiance. Quand je suis venu avec ma façon de faire, cela a plu à certaines personnes », relate Mix Premier.
Ses premiers pas dans la musique, Mix Premier les fait à l’église. Puis après, il découvre le métier de disc-jockey. A l’avènement du coupé-décalé, alors qu’il exerce le métier de disc-jockey, une lucarne se crée et plusieurs de ses collègues sortent des chansons. Mix Premier apprend que dans la même veine que ses collègues, il se lance dans la musique. Seulement, fait-il savoir, ses premières chansons ne sont pas un succès. « On sort, ça ne marche pas. Quand tu poses ta voix sur le son d’une autre personne, ça marche. Quand tu reviens faire pour toi, ça ne marche pas », retrace Mix Premier.
Multipliant tous deux des insuccès, Mix Premier et Eloh Dj sont amenés, par la clientèle du maquis pour lequel ils travaillaient, à collaborer. Il sortira de cette collaboration la chanson « Bobaraba » qui leur ouvrira les portes.
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