
Ouverte mardi 11 mars 2025, la session criminelle consacrée à l'affaire Dangnivo se poursuit au tribunal de Cotonou. Ce jeudi 13 mars 2025, l'audience est à son troisième jour.
Selon les informations de l'envoyé spécial de Banouto à la session criminelle consacrée à l'affaire, Codjo Alofa, principal accusé, et son coaccusé, Donatien Amoussou, sont déjà présents dans la salle d'audience. Contrairement aux deux premiers jours d'audience, les deux prévenus sont assis chacun de son côté.
Les avocats de la défense et de la partie civile sont également présents dans la salle.
Reprise de l'audience
Suspendue après l'intervention de l'ancien patron de la police judiciaire mercredi 12 mars, l'audience est reprise au tribunal de Cotonou. La Cour présidée par le magistrat Guillaume Laly a prononcé la reprise de l'audience peu après 11h.
Dès la reprise, le président des céans annonce avoir pris une ordonnance pour proroger la durée de la session criminelle. Selon le calendrier initial, la session prendrait fin vendredi 14 mars 2025. Avec l'ordonnance prise, aucune date n'a été fixée pour la fin.
Selon les informations rapportées par l'envoyé spécial de Banouto, désormais, après chaque audience, les avocats et la Cour vont fixer ensemble la date de la prochaine audience. Ceci, afin de permettre la vérification des déclarations des témoins pour celles qui peuvent l'être.
Ces mesures ont été prises suite à une observation faite par un avocat, en l'occurence Me Gnansounou, qui a fait remarquer à la Cour la nécessité de permettre aux avocats de plaider d'autres dossiers et faire fonctionner leurs cabinets, leurs cabinets fonctions. Il a déploré le fait que l'audience du mercredi 12 mars ait duré jusqu'à la nuit.
Le médecin-légiste Cédric Bigoh à la barre
Expert d'Etat près la cour d'appel, le médecin-légiste Cédric Bigoh est le premier convoqué à la barre au troisième jour de l’audience. Il a été saisi par le juge de deuxième cabinet pour les prélèvements sur les enfants et parents de Dangnivo, sur la dépouille à la morgue.
Le médecin-légsite devait également effectuer des prélèvements au niveau du laboratoire du professeur Lalayé à la Faculté des sciences de la santé, sur les parties molles qui y étaient. Ces prélèvements étaient destinés à une experte française qui était en séjour au Bénin.
Ces prélèvements ont été effectués, en présence d'un huissier, d'un enfant et un parent de Dangnivo en une journée de novembre 2024.
« Est-ce que vous avez retrouvé dans l’ours à proxi était au complet ? », demande le ministère public au médecin-légiste Bigoh. L’expert répond par la négative. Il souligne qu'il manque certains ossements et d'autres éléments.
« Est-ce le professeur Lalayé pouvait voir à l'oeil nu le contenu de ce qui était dans les scellés à l'intérieur de son BAU? », enchaine le ministère public. « On ne peut pas voir ce qui est à l'intérieur des scellés. Donc c'est possible que le professeur n'ait pas pu voir », répond le médecin légiste.
« Est-ce que les tissus semblaient bien conservés? », interroge un avocat de la partie civile. A cette question, le médecin-légiste répond en disant que les restes osseux ont cette capacité à rester exploitables pendant plusieurs années.
A la question de savoir s’il a eu connaissance des résultats du laboratoire pour laquelle il a fait les prélèvements, la réponse du médecin légiste est non.
Maître Zinflou, avocat de Codjo Alofa, y va également. « Pouvez vous nous dire dans quel liquide les parties molles étaient ? », demande l’avocat au médecin légiste qui affirme ne pas être en mesure de le dire.
« Ma mission était claire, c'est poser le scellé »
Un autre expert à la barre de la Cour. Il s’agit de Brice Topanou, huissier de justice. La Cour voudrait savoir comment est-ce que les poses et levées de scellé ont été faits. Le président des céans est le premier a adressé une question à l’homme de droit.
-Comment vous fait les scellés et les levés de scellé à chaque étape ?
-Le jour de l'exhumation, je n'étais pas sur les lieux. Donc je ne pus vous dire ce qui a été fait et s'il y avait de scellé. Il affirme que c’est le lendemain de l’exhumation qu’il s’est rendu à la morgue.
« On m'a montré un corps, le 28 septembre, dans une ours. J'ai juste identifié un corps humain et j'ai scellé. Je ne peux pas vous dire tout ce qu'il y avait dedans », a déclaré l’huissier Topanou.
Le 29 septembre, relate-t-il, en présence du professeur Lalayé, le bocal et le corps ont été retirés de l'ours. Des prélèvements ont été effectués à la morgue et amenés au laboratoire du professeur Lalayé.
Le président des céans dit que la déclaration de Topanou sur le 27 septembre était conforme au rapport rédigé sur l'exhumation.
Selon le ministère public, dans le rapport qu’il a rédigé, l’huissier a mentionné qu’il était à la morgue avec une équipe. L’huissier confirme. Le ministère public lui demande quelle était l’équipe. « Je ne sais pas précisément les qualités de ceux qui étaient là », a répondu l’huissier.
Brice Topanou a expliqué devant la Cour que les scellés posés sur les éléments conservés dans le laboratoire de Lalayè étaient des scellés fermés. Donc, à l'œil nu, on ne pouvait pas voir ce qui est à l'intérieur
Il a fait savoir qu’au laboratoire, les éléments prélevés ont été conditionnés par les professeurs Lalayè et Padonou. Sa tâche a consisté à poser les scellés.
Maître Baparapé veut une clarification de la mission qui a été assignée à l’huissier. « Est-ce que ça mission le 28, était de faire le constat et de scellé ou de scellé seulement ? », interroge l’avocat. « Ma mission était de sceller », répond l’huissier.
« En tant que technicien, est-ce que c'est possible de poser le scellé sans savoir ce qui y était? », relance Me Baparapé. « Ma mission était claire, c'est poser le scellé », lâche l’huissier en guise de réponse.
Il apprend que c’est l'adjudant Lucien Degbo qui a sorti la fiche de dépôt du corps du 27 septembre.
Les incompréhensions du frère de Donatien Amoussou
La Cour, après une suspension de cinq minutes, a invité à sa barre Auguste Amoussou. Il est le frère dont parle Donatien Amoussou. Le président des céans lui demande s’il connait le colonel Koumassègbo. Auguste Amoussou répond par l’affirmative. Dans quel cadre se connaissent-ils?, demande le président des céans.
A cette interrogation du président des céans, le frère de Donatien Amoussou a fait savoir qu’il se présente comme acteur du showbiz a relaté comment il a rencontré le colonel Koumassègbo. Il ressort de sa déposition que c’est dans le cadre de l’affaire Dangnivo.
Il apprend qu’il était à la maison un jour lorsqu’il a reçu un coup fil de son frère Donatien. Son jeune frère lui dit qu'un de ses amis prénommé Prizo a certaines informations sur une affaire sur laquelle un communiqué est passé à la télé. Il déclare avoir dit à son frère qu’il lui revenait.
A ses dires, dans ses contacts, celui qu’il pouvait appeler au sujet de ce que venait de lui dire son frère est Julien Akpaki, alors directeur général de l’ORTB. Il dit avoir expliqué l’affaire à Akpaki sans entrer dans les détails. Le directeur général de l’ORTB à l’époque les a invités dans son bureau.
Une fois au bureau du directeur général de l’ORTB, Prizo, l’ami de Donatien, a narré ses faits. Suite au récit fait par Prizo, Akpaki a appelé le colonel Koumassègbo qui leur a donné rendez vous à la présidence.
Auguste Amoussou apprend qu’ils se sont rendus au bureau du colonel Koumassègbo après avoir rempli les formalités nécessaires. Là, Prizo a narré une nouvelle fois les faits. Le colonel a passé quelques coups de fils puis leur a dit qu’une commission d’enquête travaille sur le dossier. Il leur a dit qu’ils pouvaient rentrer chez eux mais a souligné que Donatien et Prizo devaient se mettre à la disposition de la commission.
Il dit s’être renseigné auprès de son frère la suite du dossier et son frère lui a répondu que c’est en cours. Après, le colonel Koumassègbo, explique Auguste, l’a appelé pour lui dire qu'il n'arrivait pas à joindre Donatien. Il a dit avoir appelé mon frère qui lui a confié qu’il lui a été demandé quelque chose qu’il n’était pas en mesure de faire.
Auguste poursuit son récit en disant que sans savoir ce qui était demandé à son frère, il l’a rejoint devant la présidence. Le frère de Donatien indique qu’ils ont été conduits brigade de recherche. Une fois à la brigade, Auguste dit avoir demandé à savoir sans succès ce qui est demandé à son frère. Il dit qu’il lui a été simplement répondu que son frère devait faire une déposition qu’il pouvait s’en aller et revenir le temps qu’il finisse de déposer. Auguste Amoussou affirme être parti faire des courses, sans vraiment trop s’inquiéter.
Après ses courses, il a voulu savoir comment s’est passé la déposition. Il a donc décidé d’appeler son frère au téléphone mais sans succès. Il dit avoir joint le colonel Koumassègbo qui ne lui a rien à propos. A la maison, soutient-il, personne ne savait où était Donatien. C'est plusieurs jours après qu’il a appris que son frère a été déposé. Il affirme s’être rendu au bureau du colonel qui lui a montré l’écran de son ordinateur sans qu’il ne comprenne grand’chose.
Il dit avoir cherché, en vain, à voir son frère. Auguste apprend que ses tentatives de rencontrer Prizo, libre de ses mouvements, pour lui demander des comptes se sont soldées par un échec. Puis, un jour, il a eu la chance de le rencontrer sans que cela ne lui permettre de comprendre comment Prizo qui avait des informations sur l’affaire est libre et que son frère est en détention.
Fuite après des menaces
Auguste Amoussou affirme que lors de sa rencontre avec Prizo, il lui a dit que s’il ne lui explique pas ce qui se passe, il irait voir la presse. Après cela, apprend-il, il a commencé par recevoir les coups de fils anonymes à travers lesquels des menaces étaient proférées contre lui.
Le frère de Donatien déclare que suite aux menaces provenant d’anonymes, il a dû me réfugier dans un premier temps à Grand Popo, puis à Lomé, et après au Ghana pendant plusieurs mois.
Le président des céans lui demande s’il a pu rencontrer son frère. Il répond que oui. Il dit avoir appris que Donatien était à la prison d’Akpro-Missérété et s’y est rendu pour le voir. Il révèle que quand il a pu voir Donatien, son frère lui a confié qu'on a voulu le tuer au niveau du Camp Guezo et que le chef service de renseignement l'a mis dans la malle arrière d’une voiture.
Après s’est en suivie une série de questions avec le ministère public et la partie civile.
-Ministère public: que pouvez-vous nous dire de la moralité de votre frère ?
-Donatien est un frère qui ne m'a pas causé de soucis. Il est quelqu'un qui est tenace. Il ne revient pas sur sa décision. La seule chose que je peux lui reprocher, c'est que quand il prend une décision, il ne t'écoute plus.
-Que pouvez vous nous dire sur les difficultés qu'il a connues à la Sagam ?
-Le contenu de ce qu'il a eu à la Sagam, je n' ai pas eu le temps d’en discuter avec lui.
-Est-ce qu'il avait déjà quitté la Sagam avant que vous ne le mettiez en contact avec le Colonel ?
-Normalement oui. Je ne me souviens pas bien.
-Est-ce que vous êtes allés dîner un soir avec votre frère à la place des Martyrs avec Akpaki et un autre?
-Je crois qu'on est allé voir le directeur mais je n'ai plus survenance des personnes
-Vous avez noté que Prizo qui était détenteur de l'information est libre. Qu'est-ce que ça vous inspire et où est Prizo ?
-Prizo n'est plus en contact avec moi depuis que j'ai dis que je vais parler à la presse.
-Partie civile : quand votre frère vous a contacté, pourquoi vous n’êtes pas allés à la police ?
-L’information passait sur l'Ortb. Comme je connaissais le DG, mon réflexe a été de l'appeler. Après quand on est allé chez le chef de la sécurité du chef de l'Etat, ce dernier a appelé policier et gendarme. Donc moi, je me suis dit que les autorités avaient pris le dossier en main.
-Est-ce que vous définirez votre frère comme quelqu'un de cupide ?
-Chacun a quelque chose de cupide en lui. Il est généreux. Je ne lui connais pas la cupidité.
-Votre frère est-il prêt à faire n'importe quoi à cause de l'argent?
-Non
Le dignitaire Thron Jérôme Tchiakpè témoigne après 5 ans en prison
Tchiapkè Jérôme a été en prison pendant cinq dans le cadre de ce dossier. A la barre, il avance qu’il ne sait jusque-là pas comment il s’est retrouvé dans le dossier.
Le 1er octobre 2010, raconte-t-il dans sa déposition, il a été arrêté chez lui par une équipe constitué de Lucien Degbo et d’autres personnes. Il a été ensuite conduit à Ouidah où il a été mis en présence d'Alofa qui lui devait de l’argent. Alofa l’a accusé d’être le commanditaire de l’assassinat de Dangnivo. Tchiakpè dit leur avoir demandé qui était Dangnivo. Il poursuit que son domicile a été perquisitionné.
Lors de la perquisition, une grande peluche a été retrouvée. Questionné à propos, il rapporte avoir répondu aux agents qu’il voulait la mettre dans sa voiture. Est-ce pour la Mercedes garée dans la cour ? Il dit avoir répondu que la peluche était destinée à une autre voiture nouvellement acquise et au garage pour des travaux.
Tchiakpè dit avoir été ensuite conduit au commissariat central chez Aledji. Sur demande du commissaire Aledji, ils sont allés au garage pour voir la nouvelle voiture. Après, poursuit Tchiakpè, il a appris que son mécanicien et le soudeur propriétaire du garage ont été arrêtés.
Tchiakpè affirme avoir pensé que l'affaire du véhicule est derrière lui quand le vendeur du véhicule lui a amené les pièces. Mais il a été maintenu en prison. Le véhicule, confie-t-il, a disparu et n’a plus été retrouvé malgré des efforts de recherches.
Alofa donne sa version
Alofa répond qu’il connait Tchiakpè. Il confie qu’ils avaient un contentieux de 500.000 FCFA du fait qu’il devrait faire à Tchiakpè un gris-gris. Alofa accuse Lucien Degbo de lui avoir demandé d'impliquer Tchiapkè qui est un adepte et dignitaire du Thron surnommé Dada Gbezé. Alofa dit avoir exprimé sa peur de faire face à un Dada. Degbo lui aurait suggéré de rentrer chez lui pour s’armer mystiquement.
Ce qu’il dit avoir fait. Alofa poursuit que le 1er octobre, il a été amené chez Degbo qui lui a servi une boisson avec des mixtures. C'est ainsi qu'ils se sont rendus chez Tchiapkè. Après, confie Alofa, Degbo lui a annoncé que la voiture de Dangnivo a été retrouvée avec Tchiapkè.
Alofa ajoute avoir confié au juge d’instruction que Tchiakpè n’a rien à avoir dans le dossier losrqu'il a décidé de ne plus endosser la responsabilité de la disparition de Dangnivo. Aussitôt, rapporte-t-il, son avocat et d'autres personnes ont été sortis de la salle et le juge a voulu savoir pourquoi il changeait de version.
Les organes humains amputés au corps retrouvés sont les éléments dont les rois auraient besoin pour des raisons ? A cette question du président des céans, Jérôme Tchiapkè répond que c’est faux. En plus, argumente Tchiakpè, la divinité Thron proscrit d'avoir même la connaissance du malheur d'autrui.
Lorsqu’un adepte du Thron apprend qu'un complot est ourdi contre une personne, il a le devoir de tout faire pour prévenir cette dernière, a-t-il fait savoir. Tchiapkè insiste que le Thron n’utilise pas d'organes humains.
Les prélèvements sur le corps visaient-ils donc à mettre sur de fausses pistes ? A cette question du président des céans, Tchiapkè répond qu’il n’en sait rien.
Récits contradictoires au sujet de la découverte du supposé téléphone de Dangnivo
Dans sa déposition à la barre, mardi 11 mars 2025, Donatien Amoussou, co-accusé de Alofa, racontait qu'un jour un ami camerounais est venu lui confier qu'il a retrouvé un véhicule recherché. Lui, Donatien Amoussou, a fait appel à un grand frère qui était dans la presse. Ce dernier a appelé le DG ORTB d'alors (Julien Akpaki). Ils sont allés voir un colonel et une enquête a été ouverte. Son ami camerounais a accompagné l'équipe à l'hôtel où il a retrouvé la voiture.
Le colonel Sévérin Koumassègbo, à l’époque chef de sécurité du président de la République l'aurait invité après à son domicile. Il lui aurait remis un portable à déposer à Océan FM. Il devait, ensuite, signaler à la commission d'enquête qu'il a retrouvé un portable qu'il a déposé à Océan FM. Il dit avoir refusé de le faire malgré la somme de 500.000 FCFA proposée par le colonel. Ce dernier, a-t-il poursuivi, a fait appel à une personne qui aurait accompli la mission contre deux millions FCFA.
Une version contraire des faits par le colonel Sévérin Koumassègbo
A la barre, le colonel désormais à la retraite Sévérin Koumassègbo, chef sécurité du président Boni Yayi au moment des faits, a donné sa version des faits.
Avant partager avec la Cour sa version des faits, le colonel, suite à la demande du président des céans, a déclaré qu'il connait Donatien. Il explique qu’un vendredi, le directeur général de l’ORTB à l’époque, Julien Akpaki, l'a appelé pour lui demander s’il peut le recevoir.
Il affirmé avoir répondu qu’il était occupé et donné rendez-vous le samedi. Mais le samedi, déclare-t-il, il devait aller à un enterrement. Ensemble avec le directeur général de l’ORTB, ils ont décidé de reporté le reporté au dimanche. Le jour J, affirme-t-il, il a oublié et c'est le lundi que le DG Ortb l'a rappelé pour lui dire que les amis sont encore là. Il leur a demandé de venir le voir à son bureau. C'est ainsi que Auguste et Donatien Amoussou sont arrivés accompagnés de Prizo.
Prizo a confié avoir un ami Ibo qui l'a appelé pour lui poser un problème qu’il avait dans un motel où il a pris une chambre. L’ami lui aurait dit qu’il s’est retrouvé dans l’incapacité de payer la chambre et que le gérant a confisqué ses effets. Sur la base de ce que le propriétaire du motel est de nationalité camerounaise comme Prizo, l’ami sollicite son intervention afin que lui soient restitués ses effets.
L’ex-chef de la sécurité du président de la République déclare que Prizo a confié que sur place, il a eu accès aux effets dans lesquels il a vu un livret de bord d'un véhicule et un gros téléphone. Prizo aurait indiqué qu’il a soustrait le téléphone des effets. Prizo aurait aussi confié que la veille du coup de fil de son ami Ibo, il l’a vu dans un véhicule avec deux personnes. L’ami Ibo de Prizo aurait appelé l’un des occupants du véhicule Hounnon.
Dans son récit, Prizo aurait déclaré avoir reçu un appel sur le téléphone qu’il a soustrait des effets du Nigérian. Son interlocuteur lui faisait savoir que le téléphone lui appartient. Prizo lui aurait répondu qu’il a ramassé le téléphone. Un rendez-vous a été pris afin qu’il remette le téléphone. Peu de temps après, le téléphone crépita de nouveau. La femme de Prizo a interpellé son mari sur le fait qu’il ne sait ce qui pourrait lui arriver avec le téléphone.
Prizo aurait confié que la peur s’est emparé de lui suite à l’interpellation de sa femme. Il a donc pris la décision d’aller déposer le téléphone à la radio Océan Fm. Puis, après, il a contacté son ami Donatien Amoussou.
Suite au récit de Prizo, le colonel affirme leur avoir demandé de revenir le lendemain. Le lendemain, Prizo, Donatien Amoussou et le colonel Koumassègbo sont allés récupérer le téléphone à Océan FM contre une décharge. Le téléphone, apprend le colonel, éteint. De retour à la présidence, il l’a alors mis à la charge. Quand le téléphone s’est rallumé, il dit avoir composé son propre numéro afin de connaitre le numéro. Il a découvert qu’il s’agit du numéro de Dangnivo.
Après cette découverte, le colonel Koumassègbo apprend avoir demandé à Donatien Amoussou et son ami Prizo s’ils savent où trouver l’Ibo qui se prénomme Polo. Prizo a répondu par la négative. Donatien a dit qu'il est allé au Nigeria. Le colonel déclare leur avoir alors demandé s'ils connaissent le domicile de Polo. Ils ont dit oui. Les trois sont allés au domicile à Placodji. La chambre de Polo était fermée. Le colonel indique qu'ils sont allés trois en vain.
Comment le colonel a commencé à suspecter Donatien Amoussou
Le colonel poursuit que Prizo lui a dit que Polo et l'a appelé. Le Nigérian, lui a confié Prizo, a été informé de leur passage avec des gendarmes à son domicile. Il l'a donc menacé. L’ancien chef de la sécurité du président Yayi apprend que suite à ce que lui a confié Prizo, il a demandé à Donatien s'il a été aussi menacé. Il a dit non.
A la suite de cette réponse, le colonel dit s’être interrogé sur comment Polo a su qu’ils sont allés chez lui. Le colonel dit qu’il a soupçonné Donatien d’avoir informé Polo de leur passage.
N’ayant pû retrouver Polo, le colonel confia avoir demandé aux deux comment retrouver le Hounon évoqué plutôt par Prizo. Donatien et Prizo sont restés silencieux. Quelques instants après, Prizo, apprend le colonel, est venu lui dire que le hounnon est en prison.
Le colonel dit avoir demandé à Prizo comment est-ce qu’il savait que le hounon est en prison. Prizo lui a répondu que c’est de la bouche de Donatien Amoussou qui l’a appris. Le colonel affirme avoir interpellé Donatien sur le motif de la détention du hounnon. Donatien répondu pour vol et que c'est le commissariat de Godomey qui a géré. Au commissariat de Godomey, il a pu confirmer que le hounnon était en prison.
A la barre, le colonel Koumassègbo a laissé entendre que dans le cadre de l’enquête relativement à l’affaire Dangnivo, deux commissions ont été mises en place : une judiciaire et une administratif.
Le colonel Koumassègbo apprend que ses suspicions concernant Donatien ont grandi quand il a fixé un rendez-vous à Donation et Prizo. A l’heure du rendez-vous, seul Prizo était présent. Joint au téléphone, Donatien a justifié son absence par une urgence et a dit qu'il était à Ouidah. Lorsqu’il a raccroché avec Donatien, il a joint au téléphone Auguste Amoussou qui lui a dit qu’il se trouve en compagnie de son frère.
Le colonel affirme les avoir invités à venir le voir. A leur arrivée, il les a conduits auprès de la commission d'enquête. Le colonel a dit que quand il les a amenés vers la commission, il s'est retiré. C'est vers 21 h que Prizo l'appelle pour lui dire qu'on lui a demandé de rentrer et de revenir demain mais que la commission a décidé de garder Donatien.
Le colonel rappel à la barre qu’après sa première avec les deux Amoussou et Prizo, le lendemain, le président devait rencontrer la famille Dangnivo. Le colonel dit que lorsque la famille était dans la salle d'attente, il a échangé avec le frère de Dangnivo. Ce dernier lui a expliqué que peu après la disparition de Urbain Dangnivo, sa secrétaire a appelé le numéro et un homme a répondu et a dit que le téléphone a été ramassé sur la voie de Hêvié et qu'il s'apprête à aller le déposer au commissariat d'Agblangandan.
Le colonel dit avoir été une fois chez Augustin Amoussou.
Interrogé à la barre sur les déclarations du colonel, Donatien Amoussou les a réfutés. Il ajoute qu’il maintient ses déclarations antérieures.
Le colonel Sévérin Koumassègbo nie tout lien avec la disparition de Dangnivo et ajoute qu'il n'a pas parlé du dossier avec Yayi
Chef sécurité du président Boni Yayi au moment des faits, Sévérin Koumassègbo, dans sa déposition à la barre ce 13 mars 2025, s’est soumis à plusieurs questions à la barre.
- Quel lien a-t-il avec la disparition de Dangnivo ?
- Aucun lien, a-t-il répondu, ajoutant que la grâce lui a permis d'avoir une piste en versant la découverte du téléphone zékédé à la commission d'enquête
- Les enquêtes l’ayant conduit au commissariat de Godomey faisaient-elles partie de ses fonctions ?
- Oui, répond-il. Il explique que cela fait partie de la sécurité du président et il devait vérifier les informations qu’il a eues.
- Combien de fois a-t-il discuté du dossier avec le président de la République ?
- Zéro fois, répond-il. Le colonel précise qu'après ses enquêtes, il a fait le point au chef de cabinet. Et c’est le chef de cabinet qui lui aurait appris qu'il y avait deux commissions d'enquête sur l’affaire.
- Prizo était-il son informateur ? Il répond par la négative.
Un avocat rapporte que Prizo a déclaré être l’informateur du colonel. Et que c'est le colonel qui aurait demandé de mobiliser Donatien Amoussou pour cette affaire.
-Le colonel était-il au palais de la République le vendredi 17 août 2010 ? Sa réponse est affirmative.
Qu’est-ce qui a créé de remue-ménage ce jour au palais ? Il répond qu’il ne sait pas s'il y a eu de remue-ménage ce jour-là à la présidence ?
Un avocat rappelle au colonel qu’il avait dit qu'il devait voyager avec le président pour Parakou en 2010 et que le président l’a instruit de laisser et de s'occuper de la commission ?
Le colonel répond que le président ne lui a pas dit ça. Le colonel expliqué qu'il venait avec son sac pour le voyage quand le président lui a dit qu’il a appris qu’il était sur un dossier. Le président lui a ensuite demandé de laisser le voyage et lui a remis un million FCFA.
L’audience suspendue, des diligences à accomplir pour la reprise mercredi
Après la déposition du colonel Sévérin Koumassègbo, le président Céans a suspendu l’audience qui reprendra mercredi 19 mars 2025. Le président Céans a demandé que certaines diligences soient effectuées avant la prochaine audience.
Entre autres diligences, chercher à savoir si l’avenue de l’avenue Marina était en chantier en 2010, extraire de prison le détenu Donatien Amoussou, l’amener pour qu’il aille indiquer l’endroit exact où il s'est battu avec le gendarme Lucien DEGBO à l'époque à la baie des officiers, mesurer la distance entre le bureau de Enock Laourou et le lieu, vérifier si un bruit venant du lieu peut être entendu au balcon du bureau de Enock Laourou.
Le président Céans demande aussi que soit mis à disposition le procès-verbal de l'arrestation de Alofa établi, le 24 août 2010 au commissariat de Godomey ainsi que toutes les feuilles de notes d'audience du palais présidentiel à l'époque pour vérification. Pour la prochaine audience, Julien Pierre Akpaki, directeur général de l’Ortb au moment des faits, est convoqué en qualité de témoin par la Cour.
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