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SYGFR-Bénin : une solution de modernisation du transport routier encore méconnu des acteurs

SYGFR-Bénin : une solution de modernisation du transport routier encore méconnu des acteurs

Lancé le 14 novembre 2023, le Système électronique de gestion du fret routier du Bénin (SYGFR-Bénin) a modernisé le secteur même si toutes ses fonctionnalités ne sont pas encore actives et que certains acteurs ne le connaissent pas encore.

Lancé le 14 novembre 2023, le Système électronique de gestion du fret routier du Bénin (SYGFR-Bénin) a modernisé le secteur même si toutes ses fonctionnalités ne sont pas encore actives et que certains acteurs ne le connaissent pas encore.

Port autonome de Cotonou (PAC), Idrissou Sanni, transporteur de marchandises pour alimenter les pays de l’Hinterland, vient de finir la prière musulmane, peu après 16 heures, ce vendredi 17 janvier 2025. Il assure être bien reconnu par les services de l’Agence nationale de transport terrestre (ANaTT). « Il y a quelques mois, on m’a inscrit sur leur site et j’ai même fait la demande de ma carte de transporteur », confie-t-il.

 

Ne maîtrisant pas le procédé pour s’inscrire sur la plateforme, il s’est fait aider par un de ses confrères. Alain Edou, conducteur, s’est mis à jour aussi. « Je me suis déjà fait enregistrer sur le site de l’ANaTT », témoigne le trentenaire avant d’ajouter avec fierté « avec mon potable, je suis allé sur la plateforme et en quelques minutes, c’est terminé ».  

 

 

Ces deux acteurs du transport terrestre de marchandises au Bénin ne se sont pas inscrits sur un site, mais plutôt sur la plateforme dénommée Système électronique de gestion du fret routier du Bénin (SYGFR-Bénin). Cette plateforme numérique est un projet du gouvernement béninois financé par la Coopération belge avec l'appui technique de l’Agence belge de développement (Enabel) à hauteur d’environ 290 millions FCFA.

Vue partielle des participants au lancement du Système électronique de gestion du fret routier du Bénin, le  14 novembre 2023

Le SYGFR-Bénin se présente comme une solution digitale intégrée qui facilite la gestion du fret routier en lien avec le programme de modernisation du PAC. Accessible via un site web https://sygfr.anatt.bj, cette plateforme permet aux transporteurs de faire la demande et de générer l'autorisation et la carte de transport nationale et internationale. 

 

Elle sert à déclarer sa flotte de véhicules, à proposer des véhicules pour l'offre de fret, à effectuer le paiement des autorisations et cartes de transport et à valider des affrètements. Les conducteurs peuvent aussi s'inscrire pour se faire enrôler et être sollicités au besoin. A l’ANaTT, elle permet de délivrer des autorisations et cartes de transport, de gérer le fichier des transporteurs, de gérer le fichier des conducteurs et de gérer le fichier des véhicules de transporteurs agréés. 

 


Modules et fonctionnalités du SYGFR

 

Selon Auguste José Marie Adjovi, directeur des études, de la réglementation et du contrôle à l’ANaTT, le système se compose de trois modules principaux. Le premier concerne la gestion de l'offre de transport. Il a pour objectif, l'enrôlement des acteurs de transport, la délivrance des autorisations et cartes de transport. Le deuxième est la gestion de l'offre de fret qui sera lancé au cours du premier trimestre de l'année 2025. Le dernier est la gestion des statistiques et tableaux de bord qui permettront aux parties prenantes d'avoir en temps réel des informations sur l'activité de transport routier.

 

« Je crois que la mise en place de la plateforme du système électrique de gestion de fret routier, qu'on a appelé SYGFR, dont le premier modèle a été lancé le 14 novembre 2023, a permis aujourd'hui d'atteindre la majorité des transporteurs dans le régime électronique qui a été mis en place à cet effet », soutient-il. 

 

 

Avant la mise en place de cette plateforme, « on était à 450 transporteurs enregistrés, et cela, depuis la création de la structure en charge des transports à DTT (Direction des transports terrestres) depuis 1969 jusqu'à ce jour », explique Auguste José Marie Adjovi.  « De 14 novembre 2023, où la plateforme a été créée, où le système a été mis en place avec les facilitations créées pour l'enroulement des transporteurs, nous sommes à plus de 1200 transporteurs enregistrés dans la plateforme aujourd'hui », renseigne le directeur en ce début du mois de janvier 2025.

 

« La mise en place du SYGFR-Bénin est une avancée majeure pour notre secteur. Cette plateforme numérique nous permet de formaliser nos activités et d’obtenir rapidement les autorisations nécessaires », estime Victor, un transporteur rencontré au PAC. « Le SYGFR-Bénin représente une avancée significative pour la gestion du fret routier au Bénin et améliorer l'efficacité de toute la chaîne logistique », renchérit son collègue Yves D.

Des camions en sttationnement  

Paulin A. va dans le même sens, mais émet une réserve : « Bien que le SYGFR soit une excellente initiative, certains transporteurs ne sont pas suffisamment formés pour exploiter pleinement la plateforme, ce qui freine son adoption ». 

Auguste José Marie Adjovi, ne partage pas cet avis. « Tous les transporteurs ont été formés à l'utilisation des fonctionnalités de la plateforme, même les commissionnés agréés en douane qui ont été formés, puisque cette plateforme a été liée à l'appel des camions au port », rétorque le directeur.

 

 

« Nous avons participé à des formations quant à l’utilisation et l’appropriation des fonctionnalités de cette solution où nous avons fait des observations pertinentes », confirme Alihassan Baboni, représentant du collectif des confédérations des transporteurs de marchandises du Bénin lors du lancement de la plateforme. 

 


Sur le terrain, dans le rang des conducteurs, l’information semble ne pas passer. Dans un français approximatif, Victor rencontré sur la gare de Dèkoungbé (un quartier de l'arrondissement de Godomey, commune d’Abomey-Calavi), confie : « Moi je ne connais pas ce site ». Comme lui, les cinq autres conducteurs retrouvés sur les lieux n’ont pas connaissance de l’existence de la plateforme.

 

Il en est de même pour la demi-douzaine de conducteurs rencontrés sur la route inter Etat Bénin-Niger à hauteur d’Adjagbo. A cela, s’ajoute le problème de la connectivité. Dans certaines zones surtout au nord du pays, la pénétration  Internet n’est pas encore totale. Ce qui constitue un frein pour l’accès aux services en ligne au niveau de certaines populations.

 

NB: Cet article est rédigé dans le cadre de la Bourse du Programme de journalisme sur les infrastructures publiques numériques (IPNs) de la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop

 

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