politique

Accusation d'apologie de 3e mandat pour Patrice Talon : la Cour constitutionnelle tranche le recours contre la vice-présidente Talata

Accusation d'apologie de 3e mandat pour Patrice Talon : la Cour constitutionnelle tranche le recours contre la vice-présidente Talata

La Cour constitutionnelle du Bénin a tranché, jeudi 30 janvier 2025, le recours en inconstitutionnalité contre des propos de Mariam Chabi Talata, vice-présidente de la République, à Allada il y a quelques mois. .

La Cour constitutionnelle du Bénin a tranché, jeudi 30 janvier 2025, le recours en inconstitutionnalité contre des propos de Mariam Chabi Talata, vice-présidente de la République, à Allada il y a quelques mois. .

Une décision de la Cour constitutionnelle en faveur de la vice-présidente de la République, Mariam Chabi Talata. Cette décision fait suite à un recours du parti de l’opposition "Les Démocrates" agissant par l’organe de son responsable national à la communication, Guy Mitopkè, assisté de Maître Renaud Agbodjo.

 

Ce recours, soumis le 17 juin 2024, accuse Talata d'avoir violé la Constitution lors d'une tournée de réddition de comptes à Allada, le 25 mai 2024. Mitokpè, par l'intermédiaire de son avocat, soutient que les propos de Talata constituent une apologie d'un troisième mandat pour le président Patrice Talon, ce qui serait en contradiction avec l'article 42 de la Constitution.


Arguments de Guy Mitokpè


Le requérant souligne que lors de son discours, Mariam Chabi Talata a évoqué une citoyenne qui a suggéré que si le président Talon ne réalisait pas les routes nécessaires à Allada, il pourrait être « ramené pour un troisième mandat ».

 

Selon lui, cette déclaration insinue que seule l'équipe de Talon est capable de mener à bien des projets d'infrastructures et qu'un prolongement de son mandat serait souhaitable pour continuer ces efforts. Il considère que cela constitue une violation des articles 23 et 34 de la Constitution, qui protègent la liberté d'expression tout en imposant un respect strict de l'ordre constitutionnel.


Mitokpè insiste sur le fait que les paroles d'une figure politique comme la vice-présidente ont un poids considérable sur l'opinion publique et qu'elle aurait dû clarifier qu'un troisième mandat pour Talon n'était ni envisageable ni acceptable. En ne le faisant pas, il estime qu'elle a indirectement validé l'idée d'un prolongement du mandat présidentiel.


Les propos incriminés 


Le rapporteur a rappelé les propos condamnés par le recours. « J’ai beaucoup apprécié l’intervention de la femme qui est à côté et qui a dit qu’au niveau d’Allada, il vous manque de route. Vous n’en avez pas suffisamment, mais elle a ajouté quelque chose. Si Talon ne fait pas cette route, s’il le faut, on va le ramener pour un troisième mandat. Cela veut dire qu’elle sait qu’en dehors de Talon et de son équipe au Bénin, c’est rare de trouver des bâtisseurs. Que si vous voulez des routes au Bénin, si vous voulez des écoles, si vous voulez que la dynamique en cours se poursuive, il faut des gens comme Talon, des gens de l’équipe de Talon ». Autrement « vous aurez quoi ? Ce qu’on a toujours eu, la politisation à outrance de tout. » 


Réponse de Mariam Chabi Talata


En réponse aux accusations, Mariam Chabi Talata a défendu ses propos en affirmant qu'ils n'étaient pas contraires à la Constitution. Son équipe juridique a précisé que ses déclarations avaient été mal interprétées et qu'elle n'avait jamais plaidé pour un troisième mandat.

 

Elle a rappelé que son discours visait à clarifier les propos d'une citoyenne exprimant son ressenti face à la situation routière à Allada. Selon elle, il était essentiel d'expliquer que seul un leadership similaire à celui de Talon pourrait apporter des changements significatifs au pays.


La vice-présidente a souligné qu'elle avait exercé son droit à la liberté d'expression dans le cadre des responsabilités qui lui incombent. Elle a demandé à la Cour de reconnaître que ses propos ne visaient pas à compromettre l'ordre constitutionnel, mais plutôt à encourager un dialogue constructif sur les besoins infrastructurels du pays.


De la discussion


L'article 34 de la Constitution stipule que chaque citoyen doit respecter l'ordre constitutionnel et les lois en vigueur. Pour qu'une déclaration soit jugée contraire à la Constitution, elle doit viser à remettre en cause cet ordre ou nuire à la paix et à la cohésion nationale. Dans ce cas précis, les déclarations de Talata ont été interprétées comme une invitation à choisir des dirigeants ayant des qualités similaires à celles du président Talon.


Les juges ont noté que les propos tenus par la vice-présidente s'inscrivent dans un cadre politique où elle a encouragé le public à soutenir des leaders capables de poursuivre les projets en cours. L'allusion au troisième mandat n'a pas été considérée comme une incitation directe, mais plutôt comme une réflexion sur le besoin d'un leadership stable pour continuer les initiatives déjà mises en place. Le rapporteur a recommandé que les déclarations faites lors du rassemblement du 25 mai 2024 soient déclarées conformes aux exigences constitutionnelles.  

La Cour constitutionnelle dans son verdict a suivi le rapporteur. 

 

0 commentaire

0 commentaire