Le gouvernement béninois compte-il accéder à la demande d’une nouvelle relecture du Code électoral ? Au Bénin, la question est sur de nombreuses lèvres alors qu’approchent à grands pas les élections générales de 2026. L’opposition et une partie de la société civile dont l’Eglise catholique estiment que le Code électoral retouché début mars 2024 comporte des dispositions crisogènes.
En avril 2024, l’Eglise catholique a organisé un grand colloque à Cotonou sur le thème : « Les modifications du Code électoral au Bénin de 1990 à aujourd’hui : Le code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation. Contribution de l’Église à la paix sociale pour des élections véritablement démocratiques en 2026 ». Au terme de ce colloque, l’Eglise catholique a recommandé une relecture, de manière consensuelle, de la loi électorale.
L’opposition, le parti Les Démocrates de l’ancien président Boni Yayi en tête, a demandé, à maintes occasions, une nouvelle retouche de la loi électorale adoptée par le parlement le 5 mars 2024 et promulguée par le président de la République dix jours plus tard.
Interrogé jeudi 31 octobre 2024, lors d’une rencontre avec la presse à Cotonou, sur cette demande d’une nouvelle relecture du Code électoral faite par l’opposition et la société civile, le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji a donné une réponse laconique. « Nous avons entendu », s’est contenté de répondre le secrétaire général adjoint du gouvernement à la question de savoir si l’Exécutif béninois entendait accéder à cette requête d’une nouvelle relecture du Code électoral.
Ni exclusif, ni sur mesure
Ce n’est pas la première fois que le porte-parole du gouvernement béninois s’exprime sur l’amendement apporté à la loi électorale et les récriminations de l’opposition. Vendredi 8 mars 2024, Wilfried Léandre Houngbédji a balayé du revers de la main les récriminations selon lesquelles le Code électoral vise à exclure l’opposition du scrutin présidentiel à venir.
Les récriminations reposent sur les dispositions de l’article 132 du Code électoral. Cet article fait obligation au candidat à la présidentielle d’être parrainé par au moins un nombre de députés et/ou de maires correspondant à 15% de l’ensemble des députés et maires et provenant d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales législatives.
« Avec ce Code électoral, tous les partis aujourd’hui représentés à l’Assemblée nationale, qu’ils soient de l’opposition ou de la mouvance, ont la possibilité d’avoir un candidat pour la présidentielle 2026. Ce qui veut dire que ce code, il est inclusif », a fait observer Wilfried Houngbédji. « L’inclusion, c’est que toutes les tendances soient représentées. L’inclusion, ce n’est pas que tous ceux qui ont envie d’être candidats soient candidats », a poursuivi le secrétaire général adjoint du gouvernement béninois.
L’amendement apporté au Code électoral relève le seuil d’éligibilité des partis à l’attribution de sièges lors des législatives à 20% dans chacune des circonscriptions électorales. La loi prévoit que pour les partis ayant conclu et déposé à la Commission électorale préalablement à la tenue du scrutin, un accord de coalition parlementaire, il sera procédé pour le calcul du seuil d’éligibilité à l’attribution de sièges, à la somme des suffrages de ceux ayant recueilli au moins 10% au plan national.
Pour l’opposition cette disposition est taillée sur mesure et vise à l’écarter également de l’Assemblée nationale. L’opposition craint également qu’avec ce seuil contraignant, qu’une formation politique arrivée en tête du scrutin ne puisse être représenté à l’Assemblée nationale.
Wilfried Léandre Houngbédji bat en brèche cet argumentaire. Le porte-parole du gouvernement béninois a, à l’occasion de cette sortie médiatique de mars 2024, fait constater qu’aucun parti n’avait réussi, lors des législatives de 2023, à remplir les conditions fixées par la loi électorale.
De ce fait, a-t-il soutenu, le Code électoral ne favorise ni mouvance, ni opposition. A en croire le secrétaire général adjoint du gouvernement, cette disposition vise l’émergence de grandes formations politiques au Bénin. La réforme intervenant deux ans avant l’échéance électorale appelle de la part de toutes les formations politiques du travail pour davantage s’implanter et ratisser large.
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