politique

De Wagner à « Africa Corps » : la stratégie russe pour une reconquête du Sahel

De Wagner à « Africa Corps » : la stratégie russe pour une reconquête du Sahel

La montée du terrorisme dans le Sahel a favorisé l’implantation progressive de la Russie. A travers Africa Corps qui a remplacé le groupe Wagner, la Russie marque son retour en Afrique. Et peut-être pour longtemps.

La montée du terrorisme dans le Sahel a favorisé l’implantation progressive de la Russie. A travers Africa Corps qui a remplacé le groupe Wagner, la Russie marque son retour en Afrique. Et peut-être pour longtemps.

illustration

illustration

Dans une enquête publiée en juillet 2025 et intitulée « Repositionnement russe au Sahel : De Wagner à Africa Corps », dont l’objectif est d'analyser de fond en comble l’influence russe dans le Sahel , l’Institut Timbuktu, un centre africain spécialisé dans les études de la paix revient sur les enjeux de la présence de la Russie dans le Sahel. Il s’agit d’un positionnement militaire et géopolitique durable après le retrait de Wagner en juin 2025. 

 

Le déploiement d’Africa Corps, relève le rapport, « marque une évolution stratégique de l’influence militaire et géopolitique de la Russie en Afrique, en particulier au Sahel, en tant que successeur du groupe Wagner après son retrait du Mali le 6 juin 2025 ». Selon L’Institut Timbuktu,  ce repositionnement renforce l’influence russe au Sahel, et s’inscrit désormais, dans des objectifs stratégiques plus larges dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales. 

 

Africa Corps s’offre par la même occasion, un cadre opérationnel permettant son intégration effective aux structures de sécurité des États sahéliens, notamment au Mali, où il opère aux côtés des forces nationales, cogère des postes de commandement et dispense des formations et entraînements sur le maniement des armes, le renseignement et la discipline opérationnelle. Les missions d’Africa Corps reposent sur quatre piliers dont le premier est de sécuriser les régimes militaires, sécuriser l’accès aux ressources naturelles, établir des partenariats à long terme dans les infrastructures et l’énergie et saper l’influence occidentale, notamment celle de la France. 

 

La Russie avec la présence d’Africa Corps pose les bases durables d’une campagne médiatique renforcée. Les opérations d’influence russes, orchestrées par des plateformes comme African Initiative, amplifient les récits anti-occidentaux et dénigrent la démocratie via les médias locaux, des événements culturels et des campagnes de désinformation. Ces efforts présentent la Russie comme une force stabilisatrice tout en accusant les puissances occidentales de développer des stratégies pour déstabiliser la région. African Initiative joue un rôle central dans une vaste campagne jugée comme relevant de la désinformation. 

 

La stratégie consiste à offrir des formations au journalisme à Bamako tout en travaillant en coordination avec les services de renseignement russes en vue de produire un contenu adapté au public local, souvent dans les langues locales au lieu du français, et vulgarisant la vision du monde anti-occidentale du Kremlin. Plutôt que de s'appuyer sur des manipulations supposées de l’information, la stratégie de désinformation préconisée est devenue plus rude, avec des campagnes sur les médias sociaux mêlant des informations réelles et l'utilisation d'un cadrage sélectif. 

 

La Russie utiliserait des influenceurs locaux rémunérés pour faire circuler des contenus qui accusent les pays occidentaux d'être responsables de l'insécurité dans la région du Sahel et les présentent comme des saboteurs, tout en faisant l'éloge du soutien militaire et diplomatique russe. Grâce à ce réseau, l'African Initiative est devenue un acteur clé de la guerre de l'information menée par Moscou en Afrique de l'Ouest, en façonnant une opinion publique favorable aux objectifs géopolitiques de la Russie.

 

LIRE AUSSI : « Privilèges à vie » pour les anciens ministres : Lecornu siffle la fin en France

0 commentaire

0 commentaire