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Dissolution de 05 syndicats de la justice au Niger : grève des avocats et soulèvement contre le régime de Tiani

Dissolution de 05 syndicats de la justice au Niger : grève des avocats et soulèvement contre le régime de Tiani

Au Niger, L’ordre national des avocats a annoncé, mardi 12 août 2025, des mouvements de grève après la dissolution de cinq syndicats de la justice. Plusieurs organisations dénoncent “une atteinte grave aux droits et libertés fondamentales des travailleurs”. Le ministre de la justice justifie la décision du gouvernement nigérien.

Au Niger, L’ordre national des avocats a annoncé, mardi 12 août 2025, des mouvements de grève après la dissolution de cinq syndicats de la justice. Plusieurs organisations dénoncent “une atteinte grave aux droits et libertés fondamentales des travailleurs”. Le ministre de la justice justifie la décision du gouvernement nigérien.

Des organisations syndicales montent au créneau pour la dissolution de cinq syndicats de la justice au Niger. Cette mesure a été prise à l’encontre du Syndicat autonome des magistrats du Niger (SAMAN), du Syndicat indépendant des magistrats du Niger (SIMAN), du Syndicat national des agents de la justice (SNAJ), du Syndicat des cadres de l’administration de la justice (SYNCAT) et de I’UMAN (Union des magistrats du Niger).

 

Cette décision prise par le ministre de l’intérieur à travers des arrêtés est décriée par plusieurs autres organisations syndicales du pays. En soutien aux syndicats dissous, l’ordre des avocats du Niger a réagi, mardi 12 août 2025 et a dénoncé la décision de dissolution. Le barreau nigérien, à travers son bâtonnier, dit avoir noté une répression « à deux vitesses. Une promptitude à sanctionner les plus vulnérables et l’autre lente à agir contre les crimes économiques majeurs ».

 

L’ordre a annoncé, mardi 12 août 2025, une grève symbolique. Ces mouvements de grève seront observés les 14 et 15 août 2025. Les avocats se sont insurgés contre une dissolution qui vise à « jeter à la vindicte populaire » les magistrats et greffiers. Les hommes en toges noires invitent les autorités militaires à privilégier le dialogue. « Le dialogue social, et non la répression, est la voie pour résoudre les maux qui minent la justice nigérienne », a martelé le bâtonnier.

 

Des syndicats montent au créneau

 

La dissolution des syndicats de la justice n’a laissé indifférent les autres organisations syndicales du Niger. L’Union des syndicats des travailleurs du Niger (USTN) a dénoncé, par le biais de son Secrétaire général, Alain Adikan, “une atteinte grave aux droits et libertés fondamentales des travailleurs”. Selon le SG, la décision de dissolution constitue une "violation flagrante des engagements nationaux et internationaux” du Niger en matière de liberté syndicale. L’USTN exige le "retrait immédiat" des arrêtés du ministre de l’intérieur et invite les travailleurs à se mobiliser pour stopper "la dérive autoritaire".

 

L’Intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN) se dit surprise de la décision des autorités nigériennes. Cette décision, soutient l’intersyndicale, n’honore pas le pays qui a ratifié plusieurs conventions et accords internationaux. Selon Les Échos du Niger, l’ITN y voit un recul du « dialogue social et exige l’annulation pure et simple des mesures ».

 

De son côté, Transparency International Niger a alerté contre un « démantèlement de l’État de droit ». L’organisation a dénoncé une violation des engagements internationaux du pays et a invité le régime militaire à garantir les libertés syndicales. L’TI-Niger considère la dissolution des syndicats comme une remise « en cause frontale des contre-pouvoirs ».

 

« Ces syndicats jouaient un rôle central dans la défense de l’indépendance judiciaire et la lutte contre la corruption au sein des institutions. Leur disparition affaiblit délibérément les contre-pouvoirs nécessaires à toute démocratie et ouvre la voie à une ingérence politique accrue dans le fonctionnement de la justice », a fait savoir l’organisation.

 

Les raisons de la dissolution

 

A l’occasion d’une conférence de presse, le Garde des sceaux a donné les raisons de la dissolution de ces organisations syndicales. « Le mandat de représentation exercé par les syndicats du secteur de la justice prend ouvertement des allures de défiance vis-à-vis de l’autorité qui ne peut plus prendre des sanctions au risque de se voir exposée à des grèves », a d’abord justifié le ministre.

 

Le ministre de la justice, Alio Daouda reproche aux syndicats de son département de ne plus œuvrer « pour le bon fonctionnement du service public de la justice dans sa mission de défense de l’intérêt général ». Selon l'Agence nigérienne de presse, le Garde des sceaux accuse les organisations de faire plutôt « la promotion d’intérêts personnels qui tirent vers le bas le service régalien de l’Etat ». Il a également relevé des dysfonctionnements d’ordre structurel et institutionnel.

 

Le ministre a pointé du doigt un malaise plus profond en lien avec les acteurs « plus enclins à réclamer des droits qu’à exercer de manière loyale les obligations de leurs charges ». « Ces comportements que nous observons, ont pour noms, le non-respect de l’éthique et de la déontologie, la non-exécution des obligations statutaires qui découlent de la loi, le refus assumé de respecter l’autorité hiérarchique et la négation des valeurs qui fondent la justice », a souligné le ministre de la justice.

 

Pour Alio Daouda, la situation interpelle la responsabilité de tous les acteurs de la justice à travailler « pour construire une justice de qualité reposant sur l’impartialité, la confiance et la loyauté ». Le Garde des sceaux a fustigé lors de sa conférence, le rôle défenseur des organisations syndicales au nom d’un corporatisme même quand un de leurs est fautif et passible de poursuites judiciaires.  

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