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Hausse du prix de l'huile d’arachide : revendeurs et consommateurs en mode "serrer ceinture" à Cotonou

Hausse du prix de l'huile d’arachide : revendeurs et consommateurs en mode "serrer ceinture" à Cotonou

Le Bénin connait depuis quelques jours une hausse galopante du prix de l’huile végétale, communément appelée huile d’arachide. Face à cette situation, les habitudes changent dans le rang des citoyens qui tentent de s’y adapter.

Le Bénin connait depuis quelques jours une hausse galopante du prix de l’huile végétale, communément appelée huile d’arachide. Face à cette situation, les habitudes changent dans le rang des citoyens qui tentent de s’y adapter.

Jolie Fondegla, revendeuse d'huile végétale

Jolie Fondegla, revendeuse d'huile végétale

Le prix de l’huile végétale a connu une augmentation dans les marchés et boutique de vente à Cotonou et Abomey-Calavi. En l'espace de quelques jours,  il a connu une augmentation de plus de 50%. De 1100 FCFA, peu avant le 1ᵉʳ novembre 2024, le litre de l’huile végétale est vendu, le 11 novembre 2024, à 1600 FCFA, voire 1700 francs CFA, par endroits.

 

Au cœur du marché Adjaha de Cotonou, l'une des boutiques de vente de produits alimentaires est depuis quelques jours moins chargée d’huile végétale que d’habitude. Quelques bouteilles d’huile végétale de 1 litre sont sur l’étalage à l’entrée de la baraque. Ici le litre est vendu à 1600f.

 

Impossible de se procurer le bidon d’huile de 25 litres. La revendeuse présente sur les lieux explique que sa patronne a fait l’option de la vente en détail depuis que le prix du produit est en hausse. La marchande a jugé prudent de ne pas trop s’approvisionner en huile végétale pour deux raisons.

 

« La première, c'est parce qu’il y a mévente. Et la seconde, c'est parce que nous ne voudrons pas prendre le risque d’acheter plusieurs bidons en stock et voir que demain le prix a diminué. Le cas échéant, nous risquons de rouler à perte », a-t-elle expliqué, d'un ton triste.

 

Etalage d'huile végétale

 

A quelques mètres,  au carrefour Adjaha, un autre point de vente de l'huile végétale. Ici, il est possible de se procurer le bidon d’huile de 25 litres.

 

La vente se fait à l’air libre devant un magasin en face des pavés. Une citerne de couleur bleue contenant l'huile est penchée sur un dispositif de fortune. Des agents se chargent de faire couler l’huile de la citerne vers une grosse bassine. A l'aide d'entonnoirs, les employés des lieux servent les acheteurs.

 

Durant les 30 minutes que le reporter de Banouto a passées sur les lieux, une vingtaine de personnes sont venues se procurer le fameux liquide. La plupart sont des revendeurs. Amédé est l’un d’entre eux. Propriétaire d’une boutique de vente de divers à Fidjrossè, il vient se procurer l’huile à cet endroit depuis des années. « L’affluence est moins forte ici depuis que le prix de l’huile d’arachide a grimpé », nous confie l’habitué des lieux.

 

En dépit de la hausse du prix de cette huile prisée par bon nombre de Béninois, il est venu se procurer le bidon de 25 litres. Pour ce faire, il a dû verser à la caisse 37 500 FCFA soit 1500 FCFA le litre.  « Alors qu’il y a de cela 2 mois, le bidon de 25 litres se vendait 22 500 ou 23 000 FCFA », rappelle Amédé.

 

À ses dires, il revendra le litre à 1 600 FCFA . « Nous-mêmes, nous l’avons pris ici à 1 500f le litre, c’est pourquoi nous le revendons à 1600f. C’est vrai que l’huile végétale est chère, mais mes clients viennent néanmoins en acheter », a-t-il expliqué.

 

Abalo, un autre revendeur croisé sur les lieux, pense que la montée du prix d’huile serait due à l’indisponibilité de l’arachide aggravée par l’approche des fêtes de fin d’année, période souvent marquée par la hausse des prix de produits, surtout ceux de première nécessité.

 

Approchés, les employés des lieux n’ont pas voulu se prononcer sur les raisons qui pourraient justifier la hausse du prix de l’huile d’arachide.

 

Des bidons d'huile végétale

 

Non loin de là, une vendeuse d’ignames frites et beignets de haricot communément appelés "ata" au sud du Bénin,  a confié être « dépassée » par cette hausse du prix de l’huile végétale. C’est l’une des matières indispensables dans son commerce. 

 

« J’apprends que cela pourrait être dû à l’approche des fêtes de fin d’année. Mais même à l’approche des fêtes de fin d’année, le prix ne monte pas d’un coup comme ça », relève-t-elle. Si en novembre l’huile se vend à 1600f,  elle se demande qu’en sera-t-il alors à la fin du mois de décembre.

 

Pour ne pas rouler à perte, la commerçante a dû diminuer la grosseur de ses beignets, suscitant beaucoup de plaintes de la part des clients. Nonobstant les plaintes, elle envisage de réduire davantage la grosseur de ses "ata kpo tevi pko". Pour cause, elle n’aurait pas fait de bénéfice la semaine écoulée en dépit de la diminution déjà effectuée sur la grosseur de ses beignets. « Heureusement que cette semaine l’huile d’arachide est vendue à 1600, la semaine dernière, c'était à 1700 FCFA même au marché Dantokpa », se réjouit-elle.

 

Des restrictions dans les ménages

 

Jolie, une autre vendeuse dans une boutique de divers, fait remarquer que depuis que le coût d’huile est devenu onéreux, ses clients préfèrent acheter l’huile rouge qui est maintenant à 1000 FCFA le litre.  Elle explique que les quelques-uns qui se résignent à acheter chèrement l’huile d’arachide se limitent pour la plupart à un demi-litre.

 

C’est le cas de Félicienne. Ne pouvant pas consommer une nourriture faite à base de l’huile rouge pour des raisons qu’elle n’a pas voulu exposer, cette mère de famille explique qu’elle se contente d’acheter le quart de litre quand elle veut faire la cuisine. Elle attend que le prix soit à la baisse avant de recommencer par acheter l’huile en grande quantité. « Ce qui est sûr ça ne restera pas aussi chère pendant longtemps », pense-t-elle.

 

Elle explique qu’elle utilise le moins possible l’huile végétale dans ses repas. « Quand je fais la cuisine je ne mets plus trop d’huile dans la sauce. Que la quantité d’huile dans la sauce suffise ou pas, on se contente du peu et on mange », a-t-elle indiqué. Elle fait également savoir qu’au retour des cours, ses enfants pouvaient utiliser de l’huile et du gari pour en faire "gari foto".  « Mais maintenant, il n’y a plus ça pour éviter le gaspillage d’huile », rensigne-t-elle.

 

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