Le manque d’investissements dans les programmes d’amélioration du bien-être des adolescents entraînerait un coût économique énorme. C’est ce que révèle le rapport intitulé «Adolescents in a changing world - The case for urgent investment » (Les adolescents dans un monde en mutation - les arguments en faveur d’un investissement urgent). Publié lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé à Genève, le rapport a été commandité par le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (Pmnch), en collaboration avec l’Institut d’études économiques stratégiques de l’Université de Victoria en Australie, l’Oms, l’Unicef et l’Unfpa.

Le rapport alerte sur des pertes mondiales potentielles qui pourraient atteindre environ 110 000 milliards de dollars de 2024 à 2050 si les parties prenantes n’investissent pas davantage pour améliorer le bien-être des adolescents. Cela équivaut à 4 100 milliards de dollars par an, soit 7,7 % du Pib des pays où les recherches ont été menées pour le rapport. Ces pays couvrent approximativement 80 % de la population mondiale. C’est ce que révèle un nouveau rapport publié lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé.

Investir dans le bien-être des adolescents a des avantages insoupçonnables. « Il a été récemment estimé qu’un large éventail de services de santé destinés aux adolescents est susceptible de rapporter 9,6 dollars pour chaque dollar investi ; tandis qu’investir dans l’éducation et la formation des adolescents rapportera probablement 28,6 dollars pour chaque dollar investi », expose Pmnch dans un communiqué de presse. 

En 2024, environ 4 500 personnes âgées de 10 à 24 meurent chaque jour 

En dépit des progrès réalisés dans plusieurs domaines d’amélioration du bien-être, il n’en demeure pas moins que des défis importants restent à relever, selon le rapport. Le document en veut pour preuve que «plus de 1,5 million d’adolescents et de jeunes adultes âgés de 10 à 24 ans sont décédés en 2024, soit environ 4 500 par jour». «Les principales causes de décès que sont les blessures (y compris les accidents de la route et les noyades), la violence interpersonnelle, l’automutilation et les blessures maternelles sont évitables (Oms) », lit-on dans le communiqué.

Les chiffres sont également alarmants au niveau de la santé mentale des adolescents. «Un jeune sur sept âgé de 10 à 19 ans dans le monde souffre d’un problème de santé mentale ; la dépression, l’anxiété et les troubles du comportement étant les principales causes de maladie et d’invalidité », peut-on lire. « Le suicide est la quatrième cause de décès chez les jeunes de 15 à 19 ans (Oms)», a ajouté le document.

La santé sexuelle et reproductive des adolescents est aussi confrontée à de sérieux problèmes. « Environ 12 millions de filles âgées de 15 à 19 ans et au moins 777 000 filles âgées de moins de 15 ans accouchent chaque année dans les régions en développement (Oms), les complications pendant la grossesse et l'accouchement étant la principale cause de décès pour les filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde» renseigner le résultat des recherches.

Le secteur de l'éducation et de l'emploi n'est pas épargné. Sur 100 jeunes âgés de 15 ans à 24 ans, au moins 20 ne vont pas à l'école, ne suivent aucune formation et n'exercent aucune activité de revenu. En plus de tout ceci, «les personnes âgées de moins de 18 ans dans le monde sont exposés à au moins un risque climatique et environnemental tel que les vagues de chaleur, les cyclones, la pollution atmosphérique, les inondations et le manque de l'eau » apprend Pmnch qui cite une étude réalisée par l'Unicef en 2021.

D'après le rapport, il urge de mettre en place un nouveau programme d'investissements pour améliorer le bien-être des adolescents. Le rapport souligne la nécessité pragmatique de faire adhérer les acteurs concernés par une stratégie au plan local. « Il doit s’agir d’une initiative mondiale, mais elle doit être mise en œuvre au niveau local, avec des initiatives adaptées aux réalités de chaque pays. Les jeunes eux-mêmes doivent être impliqués et autorisés à exprimer leurs besoins spécifiques » lance Pmnch. 

« Alors que nous ne sommes qu’a environ cinq ans de l’échéance des Objectifs de Développement Durable, que les progrès se font attendre et que la population adolescente augmente, on ne saurait trop insister sur l'urgence d'investir dans le bien-être des adolescents », a insisté Helen Clark, ancienne première ministre de Nouvelle-Zélande et présidente du conseil d'administration de Pmnch. Elle exhorte à « agir maintenant pour que les adolescents d'aujourd'hui puissent s'épanouir et apporter une contribution positive aux générations futures »